mercredi 6 février 2008

L'avenement-Chapitre 1

Chapitre 1 :

Des ombres dans la nuit






La nuit était calme. Une légère brise faisait s’agiter les branches des arbres dans un léger chuintement. Un nuage passa devant la lune et plongea la zone encore plus dans les ténèbres. Une poignée d’ombres se mirent immédiatement en mouvement et se dirigèrent vers le mur d’enceinte du château. Arrivé au pied du mur, les ombres firent une pose et avisèrent leur nouvel objectif. Le mur, haut d’à peu près dix mètres, était fait de massifs blocs de pierre taillés. L’une des ombres passa sa main sur les blocs et sembla satisfaite des prises qu’elle y trouva puisque elle se lança immédiatement dans l’escalade du mur. Dans le plus grand silence les ombres atteignirent le haut du mur, passèrent entre les créneaux et se mirent à descendre le mur. Elles atteignirent le sol et partirent vite se mettre à couvert dans une alcôve proche du mur, tandis qu’un garde faisait nonchalamment sa ronde en haut du mur et ne vit rien de ce qui se tramait. Dans un murmure une ombre prit la parole :


  • Où est Sloane ? Je ne le vois plus


Une autre ombre lui répondit en tendant simplement le doigt vers le haut du mur. La première ombre entr'aperçu un mouvement derrière le garde, puis vit une ombre de grande carrure, Sloane, passer sa main sous le menton du garde qui s’effondra la gorge tranchée. Peu de temps après, Sloane rejoignit le petit groupe et essuyant sa lame.


  • Sloane, tu es fou, pourquoi le tuer ? Il ne nous avait pas vu, demanda la première ombre d’une voix trahissant une certaine panique.

  • On a dit pas de témoin et puis ce sera plus facile si on doit partir vite, répondit l’intéressé d’une voix grave, et si tuer ne te plaît pas, je te conseilles de faire demi-tour, Max.


Max inclina la tête et se soumit à l’avis de Sloane. Les ombres repartirent en se faufilant de cachette en cachette, en gardant comme objectif, l’imposante silhouette du château. Celui-ci bien que âgé et mal entretenu restait impressionnant par ses dimensions. Sa large silhouette éclairée par la lune laissait juste entr'apercevoir les nombreuses meurtrières réparties sur toute sa surface. Après avoir emprunté de nombreux détours et chemins dérobés, le groupe arriva finalement en face d’une petite porte, gardé par un soldat en cote de mailles armé d’une épée et d’une lance. Une ombre plus petite et plus fine s’avança et dit d’une voix douce de femme :


  • Il est à moi …


Elle se saisit d’un arc court, encocha une flèche sur laquelle se trouvait une petite fiole en verre. Doucement elle banda son arc, visa le garde et décocha sa flèche. Celle-ci s’écrasa contre la poitrine du garde, la fiole se brisa net et avant même qu’il eut émis le moindre son, il s’effondra endormi. Le groupe avança rapidement vers la porte, Max fouilla le garde, prit un jeu de clés et commença à chercher la clé permettant d’ouvrir la porte. Pendant ce temps Sloane se pencha sur le garde et l’acheva en silence. Max ouvrit la porte et le groupe de quatre entra dans le château. Ils arrivèrent dans un couloir éclairé par un jeu de torches murales. Le groupe fit une petite pause à la lumière d’une torche :


  • Pour l’instant tout se passe bien, dit Max d’une voix peu convaincue.

  • Normal, en temps de paix les seigneurs sont moins vigilants et nous voleurs pouvons venir nous servir plus facilement, répondit Sloane

  • Oui, mais que fais tu de l’interdiction de la guilde ? demanda la femme.

  • Katia ! Ne me parle pas de ces trouillards qui interdisent toute opération sur ce château sous prétexte que ce que l’on peut y trouver est dangereux, cracha Sloane d’un ton méprisant

  • Certes Sloane, mais il doit bien y avoir un fond de vérité, en tout cas s’il te plait, ne touche a rien marqué du signe du Hierarke dit Katia

  • Sornettes que ces superstitions ! Voilà plus de deux cents ans que ce tyran à disparu de nos contrées, et permet moi de te rappeler que c’est à cause de lui que la guilde des voleurs n’est plus que l’ombre d’elle-même. Il est juste de se venger maintenant, ajouta Sloane.

  • Sloane a raison, servons nous, et partons comme nous somme venus, sans un bruit. Imaginez seulement les richesses présentes dans ce château, peut être que nous pourrons prendre notre retraite ensuite dit le dernier membre du groupe jusque là silencieux.

  • Merci de ton soutien Arthus, bien maintenant allons y ! Et plus de pause jérémiades !


Max soupira mais suivit quand même le groupe. Ils progressaient doucement dans les couloirs, crochetant les portes, neutralisant les gardes, tout en s’enfonçant toujours plus bas dans les fondations du château. Au bout d’un petit moment, ils arrivèrent devant une lourde porte barrée de fer, Max sortit son rossignol et commença à crocheter la serrure. Une fois la serrure ouverte, il huila les gonds de la porte et la poussa. Elle s’ouvrit sans un bruit révélant, la salle des coffres du château.

Tous poussèrent un soupir de satisfaction et commencèrent à se servir. Rapidement, les sacs et les besaces se remplirent, ils firent un dernier tour de la pièce cherchant les trésors de la plus haute valeur. Max trouva une porte étrange, faites d’acier marqué du symbole du Hierarke, une hydre bicéphale dévorant un soleil. Il marqua une pause et se demanda quoi faire. La curiosité et l’envie de prouver à Sloane que malgré son jeune age il était un bon voleur, le firent craquer. Il crocheta la serrure, désarmoça les pièges de la porte et finit par l’ouvrir. La complexité de la serrure ainsi que la vicissitude des pièges, avaient rendu Max certain de l’importance de la pièce qu’il avait trouvée.

Il entra dans la sombre pièce et alluma son briquet. Au début, ne vit rien puis ses yeux se firent à la pénombre et il put enfin distinguer le contenu de la pièce. Et quel ne fut pas sa déception, quand il vit que l’unique objet de la pièce était une sorte de longue arme, peut être un trident, emmailloté dans un linge de mauvaise qualité, simplement posé dans un coin de la pièce et complètement recouvert de poussière. Déçu mais ne voulant rentrer bredouille Max se saisit de l’objet. Quand sa main, se posa sur le tissu, Max sentit une vaque de chaleur lui remonter le long du bras et pendant un instant il crut entendre un murmure rauque dans sa tête. Il resta interloqué un instant mais finalement, il accrocha l’immense trident dans son dos et sortit de la pièce. En effet le trident faisait plus de deux mètre de long et devait bien peser dans les trente kilos. Malgré cette charge, Max continuait à se déplacer avec la grâce d’un félin.

A peine fut il sortit de la pièce, qu’il entendit un cor résonner à l’extérieur. Instantanément, tous les voleurs stoppèrent leur fouille et se dirigèrent à grands pas vers la sortie. Max courrait à coté de Katia qui maintenant portaient de nombreux sacs chargés de bijoux. Il demanda à Katia :


  • Que s’est il passé ?

  • Arthus en prenant un livre a déclenché une alarme magique, le livre était marqué du sceau du Hierarke. Je l’avais dit qu’il ne fallait pas y toucher, répondit elle dans un murmure, et toi au fait où étais tu passé ?

  • Je te le dirai plus tard, pour l’instant sortons nous d’ici.


Heureusement pour eux, les gardes peu habitués à ce genre de choses ne furent pas très véloces et ils atteignirent le mur sans anicroche. Ils arrivèrent en haut du mur et commencèrent à descendre quand un homme âgé en chemise de nuit leur cria quelque chose depuis la cour :


  • Prenez tout mais s’il vous plait ne touchez pas à ce trident, dit il d’un ton sincère


Le groupe de voleur ne répondit pas et commença à descendre le long du mur vers la sécurité. Le vieil homme soupira et se saisit d’un arc long que lui tendait un garde. Il encocha une flèche et malgré son age banda le grand arc sans difficulté.


  • Tant pis pour vous, j’avais prévenus la guilde, dit il d’un ton triste alors qu’il ajustait son tir vers le haut du mur.


La flèche partit avec une belle trajectoire, elle filait droit vers Max, inconscient du danger. Katia se jeta sur Max, le faisant tomber par-dessus le mur tandis que le trait alla frapper Arthus dans le dos et le fit lui aussi chuter. Katia rattrapa la corde in extremis et réussi de justesse d’une main à attraper Max. Arthus encore étourdi par le choc ne put rien faire et s’écrasa dix mètre plus bas. Sloane poussa un juron et se laissa glisser le long de la corde pour arrive plus vite en bas. Katia et Max réassurèrent leur prise et continuèrent à descendre. Katia ne vit pas la flèche arriver, peut être parce qu’elle pensait que personne n’était capable de se genre de tir, ou bien qu’elle était trop concentrée, en tout cas la flèche lui transperça la gorge et traversa sa nuque. La hampe de la flèche l’arrêta au travers de sa gorge. Le corps de Katia, sans un bruit tomba en arrière, emmenant Max situé en dessous avec lui. La chute ne fut pas très haute mais étourdit tout de même Max.

Il lui fallut quelques instants pour reprendre ses esprits. Il sentait un liquide chaud lui couler sur le visage. Katia était en train de se vider de son sang sur lui, encore agitée par une petite flamme de vie. Max, ne sachant que faire resta immobile contemplant les derniers instants de Katia. Inconsciemment il se mit à pleurer, ses larmes se mêlant au sang de Katia. Il fut brutalement tirer vers la réalité quand une flèche vint lui transpercer l’épaule. Surpris, il cria et se releva rapidement. Il vit Sloane en train de porter Arthus à l’abri dans la forêt. Sloane lui fit un geste lui signalant de le suivre. Max se dépêcha d’aller à l’abri, il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et vit le corps de Katia sur le sol, son sang se faisant petit à petit éponger par le sol. Il ne put retenir un sanglot et s’éloigna dans la forêt. Il pensa tandis qu’il courrait vers leur planque « c’est à cause de moi qu’elle est morte, c’est se fichu trident qui en est la cause, en plus elle m’a sauvée, je suis vraiment un minable. ».

Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent devant une petite maison du faubourg de la ville. Sloane ouvrit la porte d’une main tandis qu’il soutenait toujours Arthus de l’autre. Arthus gémissait régulièrement de douleur et ne semblait pas conscient mais il était toujours en vie. Les rescapés entrèrent dans la maison, le visage fermé et le regard lourd. La petite maison était poussiéreuse et sentait le moisi. Leur arrivée avait dérangé un couple de rat qui repartit se cacher sous une armoire. Sloane posa sans ménagement Arthus sur une table et commença à se décharger de son butin. Max se mit dans un coin de la pièce et regarda pensif par la fenêtre. Il fut le premier à briser le silence :


  • On a laissé Katia là-bas.

  • Je sais répondit Sloane et on a perdu sa part, quel gâchis

Max ouvrit de grands yeux vers Sloane, comment pouvait il là voir comme une simple part de butin. Max voulut frapper Sloane mais sa blessure à l’épaule se rappela à lui et il se rendit compte que Sloane était bien le seul en état de se battre.

  • Comment va Arthus ? demanda Max d’une voix faible

  • Mal, il s’est cassé les jambes et j’ai peur que si on retire la flèche il ne se vide de son sang, dit Sloane.

  • Qu’allons nous faire pour lui s’inquiéta Max

  • Rien, on ne peut aller voir un guérisseur, ni les prêtres, la flèche est marqué du sceau du duc et de toute façon, mourir c’est un risque du métier, répondit Sloane d’une voix sans émotion.

  • Mais tu es horrible ! cracha Max

  • Peut être mais je suis toujours en vie et fait pareil si tu veux rester en vie dans l’avenir. Au fait tu as compris cette histoire de trident ?

  • Oui dit Max après un temps d’hésitation.


Il décrocha le trident de son dos et le montra à Sloane :


  • Je crois que c’est cela dont il parlait, dit il.

  • Je me demandais bien ce qu’était ce truc que tu avais sur le dos. Où l’as tu trouvé ?

  • Dans une pièce secrète …

  • Et tu comptais m’en parler quand ? Pose ce trident sur la table ! On va voir s’il a de la valeur


Max ne se sentait plus le courage de se battre, il posa le trident encore emmailloté sur la table à coté d’Arthus. Et se détourna de la scène, il ne voulait plus rien avoir avec ceci. Sloane finit de se débarrasser de ses nombreux sac remplit d’or et de joyaux, puis il se pencha avec une lueur d’avidité sur l’étrange paquet. Avec sa dague il trancha les liens et commença à écarter le tissu. Il sentit rapidement une chaleur venir du trident, puis un froid mordant. « Une arme magique, pensa t-il, elles peuvent valoir des milliers de pièces d’or, voire faire de moi l’être le plus puissant du monde ». Fébrilement il finit de dévoiler le mystérieux trident, il l’observa un long moment. Il faisait plus de deux mètre de long, le manche, fait d'une matière qu’il ne reconnaissait pas, était large, fait pour de très grande main. La tête du trident était finement gravée de motifs assez étranges rappelant certaines créatures des abysses, chaque pointe était aiguisée sur les flancs permettant à l’arme aussi bien de perforer que de trancher. Une aura de puissance se dégageait de l’arme, même à cette distance Sloane pouvait sentir l’incroyable puissance de cette arme. Doucement il approcha la main du manche, le front luisant de sueur, il passa sa langue sur ses lèvres de nervosité. Il prit une dernière inspiration et referma la main sur manche.

Instantanément, il se mit à hurler. De la fumée commença à se dégager de sa main puis un gangue de givre la recouvrit. Sloane n’arrêtait pas de hurler. Max se retourna affolé et vit un spectacle horrible. Sloane était en train de flétrir sous ses yeux, une fumée rouge s’élevant de chacun de ses pores. Sa peau se craquelait par endroit mettant la chair à vif. Max fut jeté à terre par une détonation, il vit le corps de Sloane se cambrer tandis que des éclairs jaillissait du trident et venait frapper Sloane. Le corps de Sloane fut éjecté en arrière et retomba en vrac contre un mur dans un bruit mat. Le trident s’éleva dans les airs et retomba sur la table se plantant dans la poitrine du pauvre Arthus. Il eut un hoquet de douleur et rapidement plus rien.

Max se releva et essaya de retrouver son calme. Une odeur horrible émanait du cadavre de Sloane. Max s’approcha de la table et regarda le corps d’Arthus perforé par le trident. Sans doute encore sous le choc, Max retira le trident sans réfléchir. Quand il réalisa son geste, il était trop tard, et pourtant cette fois-ci rien ne se passa. Max avait le lourd trident dans la main, il le regarda effrayé et réfléchit un instant : « Ce trident était piégé maintenant il ne l’est plus, pourtant je sens encore sa puissance, je dois faire quelque chose ». Il regarda encore un peu les visages démoniaques gravés sur le trident, puis prit une décision. Il allait garder se trident et partir loin d’ici pour aller le vendre dans un endroit tranquille et oublier sa vie de voleur à jamais. Avant de partir, il prit quelques sacs du butin et parti à grands pas sans un regard en arrière.

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