mercredi 27 février 2008

L'avenement - Chapitre 5

Chapitre 5 :

Le poids du remords

Max était épuisé, la chaleur étouffante l’accablait de tout son poids. Il tomba à genoux dans le sable fin. De grosses gouttes de sueurs perlaient sur son front et s’écrasait sur le sol mais ne tardaient pas à s’évaporer. A travers ses vêtements, il pouvait sentir toute la chaleur du sable qui lui avait déjà brûlé les mains. Il fixa l’horizon et n’y vit qu’une mer de sable fin ponctué de dunes. Pas la moindre trace d’ombre ni de source de frais et d‘humidité. Il fixa le ciel et les trois soleils qui semblaient être braqués vers lui et vouloir le brûler. Max savait très bien qu’il ne pouvait y avoir trois soleils et pourtant il ne pouvait s’empêcher de ressentir la morsure de chaque. Il se releva péniblement et reprit sa lente progression dans le désert. Chaque pas était pour lui presque un exploit. Son esprit était depuis longtemps incapable de formuler le moindre raisonnement. A cet instant tout ce à quoi il pensait, était l’ordres des mouvements pour se déplacer dans le sable : lever le pied, avancer le pied devant l’autre, le poser dans le sable, l’enfoncer dans le sable pour être stable, lever le pied et ainsi de suite. Il espérait trouver un abri, une issue, n’importe quoi.

Inexorablement, il continua sa lente progression pendant ce qui lui sembla des heures, mais lentement un espoir renaissait dans son esprit. Les soleils étaient en train de se coucher et bientôt il y aurait un peu de fraîcheur, peu être un peu trop même mais qu’importe du moment que la chaleur cessait dans se désert sans le moindre souffle de vent. L’espoir le revigora un peu et il réussit à accélérer un peu le rythme. Il se déplaçait presque les yeux fermés tellement la réverbération de la lumière sur le sable lui agressait les yeux. Il sentit soudainement la lumière décroître et la chaleur diminuer sensiblement. Il ouvrit les yeux et vit les soleils disparaîtrent derrière l’horizon. Il poussa un soupir de soulagement et fut à deux doigts de pleurer de bonheur.

Il fit quelques pas en avant poussé par la fraîcheur quand soudainement il remarqua une ombre naître à ses pieds et s’étendre devant lui. Une source de lumière située derrière lui faisait naître cette ombre. Il sentit la chaleur revenir. Au bord du désespoir, il se retourna lentement et fixa derrière lui. Un immense soleil était en train de se lever, il remplissait petit à petit l’horizon prenant presque l’intégralité du ciel. Cette gigantesque boule de feu fit s’élever en quelques instants la température d’une dizaine de degrés. Un vent encore plus chaud et sec charriant de minuscules particules abrasives se leva et vint fouetter le visage de Max. Le soleil gargantuesque finit par emplir le ciel en entier plongeant le désert dans un linceul de lumière rougeâtre. Max s’effondra sur le sable, ignorant les brûlures causées par celui-ci. Il se mit doucement à sangloter, des larmes rougies par du sang venant de ses yeux écorchés par le sable coulèrent le long de ses joues. Il leva faiblement le poing en direction du ciel et de la voix la plus forte que pouvait encore produire ses cordes vocales, il s’adressa au soleil :

- Pourquoi est ce que je dois supporter cela ? Qu’ai-je fait pour mériter cela ? N’ai-je pas le droit à une chance ? Est-ce donc cela l’enfer ? Je sais que j’ai mal agis parfois dans ma vie mais j’ai toujours fait cela pour survivre, je n’ai jamais tué personne, je volais seulement les plus riches. Je ne voulais pas faire le mal, je voulais juste avoir une chance, une chance de vivre heureux, d’avoir une famille…

Une voix grondante semblant sortir du sol lui répondit :

- Tu es là parce que tu as volé le bien le plus précieux du père et que tu n’es pas le père. Tu es là parce que tu es en possession d’un objet qui ne t’appartient pas et que tu t’en veux d’avoir cet objet qui a coûté la vie à beaucoup de personne par ta faute.

Le sol se mit doucement à frémir. Le sable tressautait sur place faisant un bruit de friture qui se mua en grondement quand le sable s’ouvrit à une centaine de mètres de Max. Celui-ci vit une gigantesque créature reptilienne jaillir du sol et décrire une courbe dans le ciel droit vers lui. Max se mit sur le ventre et commença à ramper sur le sol essayant de trouver des prises dans le sable fin. Des grains de sables brûlant glissèrent sous ses ongles lui causant d’horribles douleurs. Il avança péniblement de quelques mètres tout en gémissant toujours en larmes :

- Je ne veux pas mourir, je ne veux pas… Je vous en supplie, je ne veux pas mourir.

Ignorant les suppliques du voleur, l’hydre continua sa course plongea droit vers lui. Elle ouvrit sa gueule en entier, dévoilant d’immenses crocs certains plus grands qu’une maison. Max se retourna et fixa l’inéluctable arriver. Quelques instants avant la fin il ferma les yeux et puisa dans toute ses forces la volonté de dire une dernière chose, de hurler une dernière parole :

- Je ne veux pas MOU…

Et les immenses mâchoires de l’hydre se refermèrent sur lui… Et il se réveilla en sursaut se redressant dans son lit continuant son hurlement :

- …RIIIIR !!!!!

Des larmes coulaient sur ses joues, il mit ses mains devant sa bouche pour étouffer ses sanglots et se remit lentement du cauchemar qu’il venait de faire. Il avait encore l’impression d’avoir du sable sous les ongles et de sentir l’atroce chaleur du soleil. Son regard était fixé sur le trident emballé au fond de a chambre qu’il avait loué pour la nuit. Il savait que ce trident était la source de ce cauchemar. C’était le second soir qu’il le faisait et cela faisait deux nuits qu’il avait récupéré cet objet maudit. Hier matin, il avait mit ça sur le compte du stress mais deux fois de suite cela faisait trop pour être une simple coïncidence. Déjà la veille, il avait sentit le trident plus présent. Comme si après s’être déchargé il reprenait des forces. Il avait été obligé de l’empaqueter à nouveau de peur de subir le même sort que Sloane.

Quelqu’un frappa à la porte et Max sursauta et mit du temps avant de pouvoir répondre d’une voix faible et encore fébrile :

- Oui ? Qui est ce ?

- C’est la femme de chambre, Marie. C’est moi qui vous aie montré la chambre hier. Je vous aie entendus crier et je suis venue voir si vous aviez besoin de quelque chose.

- Non rien merci…

- Bon très bien, mais n’hésitez pas, je suis à votre service.

- Attendez, en fait si, je voudrais bien un grand baquet remplit d’eau pour prendre un bain.

- Quel température votre eau monsieur ?

- Froide… oui froide, j’en aie bien besoin.

Max entendit la femme de chambre s’éloigner dans les escaliers. Il s’effondra un instant dans son lit et mit la main sur son front. Il était brûlant, comme s’il avait eut de la fièvre pendant la nuit. Il repensa à la femme de chambre. Elle était tout à fait charmante et en d’autre circonstance il aurait bien tenté d’avoir de la compagnie cette nuit d’autant plus qu’il avait bien remarqué qu’elle ne le laissait pas insensible. Mais en ces temps de fuite, il n’avait pas la tête à folâtrer avec une servante dans une petite ville. Depuis qu’il s’était introduit dans le château, il n’avait cessé de fuir. D’abord à pied, puis il s’était acheter un cheval, il cherchait à mettre le plus de distance entre lui et le lieu du drame. Puis le trident c’était comme réveillé et maintenant, il sentait clairement le trident l’attirer dans une direction et Max mettait toute sa volonté à aller dans la direction opposée. Il ne s’était arrêté que lorsque son cheval fut au bord de l’épuisement et il savait qu’aujourd’hui il allait prendre un autre cheval et refaire la même chose. Par moment il se demandait pourquoi il n’abandonnait pas simplement le trident dans un coin. Mais il ne voulait pas que ce fardeau aille sur les épaules d’un autre. Il avait volé le trident, il en avait donc la charge. Jusqu’où il ne le savait pas. Peut être devrait il fuir le restant de sa vie mais il s’était décidé. Cette fois ci il assumerait pleinement la portée de ses actes et assumerait ce trident jusqu’à la fin de ses jours s’il le fallait.

Max se leva, massa doucement son épaule blessée et se prépara pour son bain. Il avait besoin de fraîcheur et de faire le vide. Marie revint avec un grand baquet qu’elle posa au milieu de la chambre. Elle était suivit par deux jeunes garçons qui portaient tant bien que mal deux lourds seaux remplient d’eau et qui les vidèrent dans le baquet. Max les observa sans rien dire mais remarqua tout de même les coups d’œil rapide que lui jetait Marie régulièrement tandis qu’elle mettait des herbes parfumées dans le bain. Des douces effluves rafraîchissantes et apaisantes emplirent la chambre. Puis finalement les deux garçons finirent de remplir le baquet et Max put enfin chasser tout le monde de sa chambre et enfin prendre le bain auquel il aspirait si ardemment.

L’eau était fraîche comme il l’avait demandé, un peu trop même peut être mais après cet horrible cauchemar il lui fallait bien ça. Il posa sa tête contre le rebord du baquet et profita simplement de cette fraîcheur et de cet instant de repos. Il n’entendit pas Marie pénétrer à nouveau dans la pièce et il sursauta légèrement quand celle-ci s’adressa à lui :

- Vous êtes sur que vous ne voulez pas un peu d’eau chaude monsieur, je ne voudrais pas que vous preniez froid.

- Mais que faites vous ici ? Et non je ne veux pas d’eau chaude, j’ai eut bien assez chaud comme ça, répondit Max rapidement.

- Ah bon ? Vous venez d’un pays chaud ? demanda Marie.

- Non, je suis de la région mais j’ai eut un peut chaud cette nuit, j’ai mit une couverture de trop.

- Ah d’accord… En tout cas si jamais vous avez froid, je veux bien vous réchauffer moi, dit elle d’une voix mutine.

- Très bien, j’y penserais, merci, dit il d’une voix un peu absente.

- Au fait vous connaissez la dernière nouvelle ? demanda Marie d’une voix visiblement déçue.

- Non, dites moi ?

- Et bien, un messager est venu ce matin. Il venait du château et il disait à tout le monde que le Hierarke était de retour.

- Le Hierarke ? demanda Max surprit.

- Oui, enfin moi je n’y crois pas trop, enfin bref, il a dit aussi que de l’autre côté de la vallée, un village avait été brûlé pendant la nuit par le Hierarke justement. Parce qu’il était en colère parce qu’on lui avait volé des objets précieux.

- Vraiment ? Quel genre d’objet ?

- Ca, il l’a pas dit mais à mon avis tout ça c’est qu’un truc de plus de la part du duc pour nous demander plus d’impôts.

- Vous avez certainement raison, répondit sobrement Max avant de sombrer dans un certain mutisme.

Marie trouvant ce silence un peu gênant fit le tour de la chambre en espérant que ce beau et riche client finirait bien par accepter ses avances. Elle remarqua le drôle d’objet emballé dans un coin et s’en approcha tout en demandant :

- Qu’est ce que c’est ça ?

- N’y touchez surtout pas petite sotte ! cria Max en jaillissant littéralement de son bain

Marie s’écarta vivement de l’objet et vit passer un Max nue et trempée devant elle et se saisir de l’objet en question.

- C’est très fragile, dit Max essayant de justifier.

- Oh, j’allais pas vous le voler et puis de toute façon, je m’en vais, on m’attend en cuisine, dit elle d’un ton froid, outré devant la réaction de se client.

Max fut un peu déçu qu’elle parte mais en même temps soulagé, il avait assez d’âme sur la conscience. Il serrait toujours le trident contre lui quand il entendit une voix venir du trident :

- Ce n’est pas comme ça que tu vas la faire venir dans ton lit, dit la voix grave et sifflante.

- Je suis bien d’accord avec toi pour une fois, dit une autre vois tout aussi grave mais plus grondante.

- Tu aurais dut sortir de la baignoire, lui sauter dessus et la prendre comme ça, dit la première voix.

- Où alors lui montrer toute les richesses que tu as volées et la convaincre de devenir ton esclave contre de l’argent, ajouta la seconde.

- Mais ce n’est pas encore trop tard tu peux toujours aller la violer dans la grange.

- Et ensuite la faire virer par son patron.

- Où encore …

- Mais qui êtes vous ? cria Max coupant les deux voix.

- Hu hu hu, tu aimerais bien le savoir, voleur, dit la première voix insistant bien sur le terme voleur.

- Nous sommes les esprits enfermés dans le trident, dit la seconde.

- Oui, de puissants esprits enfermés par celui que tu connais sous le nom de Hierarke pour avoir plus de pouvoir.

- Un esprit pour chaque pointe du trident, ajouta la seconde.

- Mais je n’en entends que deux, dit Max curieux mais inquiet.

- Le troisième est pas très causant dit la première.

- C’est sur mais bon c’est normal pour un Tanarr’i, dit la seconde.

- Répète un peu ça Baatezu de mes deux, dit la première.

- Je le dit et je le réaffirme, les Tanarr’i comme toi et ton compère du milieu n’avez aucune conversation, aucun raffinement, vous êtes des brutes sans cervelles.

- Et vous vous n’êtes que des crétins tellement perdus dans vos intrigues que vous ne savez même plus qui sont vos alliés de vos ennemies.

- Barbares sanguinaires, hontes des plans inférieurs !

- Pourriture de politicards, engoncé dans des procédures aussi débiles qu’affligeantes !

Et les deux voix continuèrent à s’insulter mais passèrent dans une autre langue que Max ne comprenait pas et préférait ne pas comprendre. Il poussa le trident dans un coin de la pièce et commença à s’habiller prêt à reprendre la route. Cependant, il n’arrivait plus à se débarrasser des voix du trident et leurs babils infernaux finissaient par lui donner le mal de crâne.

Il fit rapidement ses affaires et quitta l’auberge. Il fila au temple le plus proche sans vraiment réfléchir. Il avait besoin de soutient moral et un temple lui semblait le meilleur endroit. Il entra en trombe dans le temple, un temple du dieu Othon visiblement d’après les couleurs chatoyantes des tentures. Max aimait bien Othon, s’était un dieu sans prise de tête.

Quand il était petit c’était toujours les fêtes d’Othon que Max préférait, de grandes fêtes, pleines de couleurs, de musiques, de danseurs, d’artistes et surtout de bonheur. Othon était le dieu des festivités, du bonheur et du plaisir. Un dieu profondément bon et humain qui n’imposait rien aux personnes qui le vénéraient avec des préceptes simple comme « Pas de panique » « Prenez la vie du bon côté » et autres maximes simples dans ce genre. Plus tard Max avait découvert qu’Othon était aussi le dieu des plaisirs charnels et que ce n’était pas du tout tabou et il s’était vraiment mis à apprécier ce dieu plein de bonne humeur.

Max arriva devant une statue d’Othon, un grand homme tendant la main un sourire aimable sur le visage, un ocarina dans l’autre main. Max se sentit rassuré devant ce symbole familier et en oublia presque ses problèmes mais les voix insupportables venant du trident se rappelèrent à son esprit. Il alla voir une prêtresse d’Othon, une ‘concubine’ d’Othon pour être exact et lui demanda d’un air suppliant :

- J’ai besoin d’aide, j’ai besoin de soulager mon âme.

- Je t’écoute mon frère, parle moi et il entendra.

- J’ai volé un bien précieux mais je ne peux le rendre car les conséquences seraient encore pires. J’ai décidé de le garder mais je veux être sur que c’est le bon choix.

La prêtresse sembla perdu dans ses pensées quelques instant puis elle reprit la parole d’une voix douce et calme, un ton qui apaisa Max et le fit se sentir plus léger :

- Ton choix est judicieux mais ne laisse pas ta charge te détruire.

- Je vous remercie, dit il d’une faible voix, je souhaiterais faire un don pour un orphelinat.

Il posa un gros sac provenant directement des caisses du duc au pied de la statue d’Othon et partit sans un regard en arrière réconforté dans son choix. La prêtresse le laissa partir tout en murmurant une prière silencieuse pour lui. Que se soit le don, la prière ou autre chose, les voix stoppèrent et Max put reprendre la route et filer tel le vent, à l’opposé de la direction indiqué par le trident.

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