L'avenement - Chapitre 16

Chapitre 16 :

Deuil

Depuis sa cachette, Sarah attendait. Elle avait peur, elle avait froid et elle avait faim mais elle attendait. Elle avait promis à son oncle de ne pas bouger tant qu’il ne lui ferait pas signe. Elle avait perdu le fil du temps de puis déjà un bon moment mais ce qui l’inquiétait le plus était le silence. Elle avait suivit au son le début des combats. Tous ces bruis violents l’avaient effrayés mais ce n’était rien à côté du silence. Elle s’imaginait plein de scénario différent dans sa tête, tout plus pire les uns que les autres. Peut être que Thsczyikhaar avait perdu et que les méchants l’avaient capturés la laissant seul ici, ou bien peut être que Thsczyikhaar avait gagné mais qu’il était trop blessé pour venir la chercher, ou peut être que Thsczyikhaar avait perdu et qu’il était mort.

Toutes ces sombres idées avaient miné le moral de Sarah au plus bas. Elle essaya de trouver se réconforter mais les idées noires revenaient sans cesses. Sarah commença doucement à sangloter. Des grosses larmes coulèrent le long de ses joues.

Soudainement, elle entendit une voix venir de l’extérieur. Elle reconnut instantanément la voix de son oncle. Folle de joie et de soulagement, elle jaillit hors de sa cachette et commença à courir en direction de la voix. Elle remarqua à peine le paysage dévasté. Tout ce qui comptait maintenant pour elle était de retrouvé son oncle.

Au détour d’un tronc brisé, elle tomba nez à nez avec un homme de petite taille. Pendant un instant, elle se demanda ce que ce petite gens pouvait bien faire ici. Puis tout se passa très vite, elle sentit la masse du petit homme sur elle et avant qu’elle ait pu faire quoique ce soit, elle se retrouva immobilisée au sol. Le petite gens hurla d’une aigrelette :

• C’est bon chef, j’ai réussi à l’attraper.

• C’est bien Simon, répondit la voix de Thsczyikhaar, surtout ne la lâche pas, j’arrive.

Sarah était toujours plaquée au sol, le visage dans la boue. Elle ne comprenait rien. Pourquoi son oncle voulait il l’immobiliser et qui était donc ce Simon ? Elle vit deux bottes de cuirs noirs juste devant ses yeux, puis elle entendit la voix de Thsczyikhaar.

• C’est fini maintenant petite. Sois sage et nous ne te ferons pas de mal.

Sarah comprit tout de suite que ce n’était pas son oncle mais quelqu’un imitant sa voix. Elle se contorsionna un peu pour essayer de voir l’homme aux bottes noires. Elle vit un jeune homme blond aux yeux cernés mais qui affichait un air de satisfaction particulièrement malsain. Il avait dans la main droite un couteau ensanglanté. Le petit homme releva Sarah sans ménagement tout en gardant une bonne prise sur elle. Le jeune homme blond donna un ordre à Simon :

• Je te laisse la garde de la gamine. Tu en es responsable maintenant.

• Bien compris, monsieur Knives.

Knives avait commencé sa phrase avec la voix de Thsczyikhaar et l’avait fini avec sa voix normale.

• Ou est TTH ? demanda Sarah d’une voix mal assuré tout en cherchant désespérément son oncle du regard.

• Tu veux savoir ou est Thsczyikhaar ? demanda Knives avec une pointe d’amusement.

• Oui, s’il vous plait monsieur.

• Il n’est pas loin, je vais te montrer, dit Knives presque avec tendresse.

Knives fit demi-tour et s’éloigna à grandes enjambées. Simon poussa Sarah et ils le suivirent d’un pas rapide. Ils pénétrèrent dans la clairière et Knives les emmena face à un corps recouvert d’une toile grossière. La toile était imbibée de sang à de nombreux endroit et une main avec des doigts très longs dépassait d’un des bords de la toile. Sarah reconnut tout de suite la main de son oncle.

• Et voilà, tu as retrouvé ton oncle, petite, annonça Knives.

Simon desserra légèrement son étreinte ce qui permit à Sarah de se baisser et d’attraper la main qui dépassait. Elle était froide et commençait à se rigidifier. Sarah n’arrivait pas à accepter ce qu’elle voyait et ce qu’elle sentait. Rapidement, Simon se saisit d’elle à nouveau et l’éloigna du corps. Sarah se mit à hurler :

• Tonton ! Lève-toi ! Tonton ne me laisse pas ! Reviens ! S’il te plait, tu as promis de ne pas m’abandonner !

Simon grimaça. Ses oreilles étaient malmenées par les cris stridents de la jeune elfe. Simon fit par la jeter par terre sans ménagement et il l’attacha solidement. Sarah continuait à hurler et à pleurer. Ses paroles étaient de moins en moins compréhensibles mais elles étaient toujours aussi fortes. Simon finit par bâillonner Sarah avec un vieux morceau de tissu. Knives vint à nouveau se planter devant Sarah. Il semblait retenir avec difficulté un énorme éclat de rire.

• Et oui gamine, ta raclure d’oncle est mort, dit Knives, mais ne soit pas triste. On va bien prendre soin de toi.

Puis s’adressant à Simon :

• Tu l’as fouillée ?

• Non.

• Fait-le ! On ne sait jamais quel cadeau a pu nous laisser feu le Hierarke.

• Bien monsieur Knives. Au fait monsieur Knives, j’ai trouvé ça en fouillant un peu.

Simon brandissait le sac sans fond de Thsczyikhaar. Knives sourit un peu plus.

• Tu peux le garder Simon, c’est ta prime pour service rendu.

• Merci monsieur Knives.

• Et n’oubli pas de la fouiller.

• Oui monsieur Knives.

• Ensuite va retrouver les autres. Je vais annoncer la nouvelle à mon Maître et prendre nos prochains ordres.

Simon hocha la tête et se dirigea vers Sarah. Il la fouilla sans aucun ménagement. Il finit par trouver la petite poche qu’elle avait fabriquée. Il l’observa pendant quelques instants de ses petits yeux de fouines puis ne voyant aucune valeur à cet objet, il finit par la jeter par terre. Il trouva aussi la broche en argent qu’il détacha et rangea dans ses propres affaires. Pendant tout ce temps là, Sarah essayait de retenir ses larmes et de se calmer. Mais quand le petit homme lui vola la broche, une nouvelle crise de sanglot éclata.

Sarah essayait de toutes ses forces de garder les idées claires et de mettre en application quelque chose que son oncle lui avait appris. Elle essaya de faire un peu de magie mais ses mains étaient trop bien attachées. Il fallait qu’elle fasse quelque chose. Simon releva Sarah et la poussa dans une direction. Sarah trébucha volontairement et tomba de telles manières à pouvoir récupérer sa poche magique. Simon ne remarqua rien et la releva en poussant un juron.

Il guida Sarah jusque dans un coin plus calme et moins dévasté. Il la fit s’assoir sur un tronc et la laissa en plan. Sarah regarda les autres personnes à proximités. Il y avait trois personnes. La femme rousse du bal était allongée sous des couvertures. Sa poitrine se soulevait régulièrement et une expression de paix était sur son visage. Un homme très grand et très musclé était en train d’en soigner un autre, lui aussi grand et musclé. Il était en train de lui bander la moitié du visage. L’homme au visage bandé semblait très en colère et avait du mal à rester calme.

L’un comme l’autre avait l’air d’avoir beaucoup souffert du combat contre Thsczyikhaar. Sarah ne trouvait aucun réconfort dans l’idée que son oncle s’était bien battu. Il était mort et il n’y a que ça qui comptait. Sarah s’en voulait de s’être fait attraper. Elle sombra petit à petit dans la mélancolie. Elle n’accordait que peu d’importance à ce qui se pasasit autour d’elle. Du coin de l’œil, elle vit Simon fouiller le sac sans fond de Thsczyikhaar. Elle trouva un peu de satisfaction à le voir trouver un sac vide. Son oncle était malin, son sac était à l’épreuve des voleurs qu’il détestait tant. Sarah vit soudainement Simon retirer la main du sac de Thsczyikhaar et enlever vivement un piège à souri de ses doigts désormais cassés.

Sarah avait longtemps argumenté avec Thsczyikhaar pour qu’il enlève les pièges mortels de son sac. Il y a quelques temps, Simon n’aurait pas eut les doigts cassé mais aurait été dévoré par une créature habitant le fond du sac. Simon abandonna le sac et visiblement véxé il se retira dans un coin.

Au bout d’un peu plus de deux heures, Knives finit par revenir. Son visage avait repris une expression neutre et toute forme de joie avait disparue.

• Messieurs, je viens de parler avec mon Maître. Avant toute chose, il tient tous à vous féliciter pour votre travail et votre efficacité…

• Mon cul, marmona Iwy dans sa barbe visiblement très décu de s’être fait évincé aussi vite du combat.

• … Comme tout travail mérite salaire, mon Maître tient à vous récompenser. C’est pourquoi Il vous demande de vous rendre dans son domaine le plus rapidement possible.

• Je ne crois pas que ça va être possible, dit Iwy.

• Pourquoi donc ? demanda Knives.

• Parce que ça pue le piège de merde ton truc et que de toute façon j’ai pas fait ça pour l’argent, cracha Iwy.

• Je suis d’accord, nota simplement le Chasseur.

• Bien, je vois. Mon Maître souhaite réellement vous rencontrer et ce n’est pas pour éliminer mais réellement pour vous récompenser. Et puis votre mission n’est pas complètement finie. Mon Maître souhaiterait récupérer le corps du Hierarke ainsi que sa jeune protégée.

• Et pourquoi tu ne t’en occupes pas ? demanda Iwy.

• Parce que j’ai une autre mission.

• A quoi consiste t elle ? demanda le Chasseur.

• Mon Maître a besoin de certains ingrédients très spécifiques qui se trouvent dans mon laboratoire, ainsi que divers ustensiles. Je dois donc faire un détour en solitaire pour aller les chercher. Pas la peine d’essayer de m’accompagner, je me déplace plus rapidement seul. Pour conclure, je voudrais juste insister sur le fait que si vous ne faites pas ce que mon Maître vous demande, j’ai bien peur qui lui prenne l’envie soudaine de vous élimer comme il a éliminé Thsczyikhaar.

• Je savais bien que c’était une mission de merde, grogna Iwy.

• Donc, pour faire un dernier point, mon Maître veut que vous vous rendiez le plus rapidement possible dans son domaine et que vous lui remettiez le corps de Thsczyikhaar ainsi que l’elfe. Et juste pour préciser, il veut l’elfe en bonne santé en en bon état.

• C’est compris, déclara le Chasseur.

• Ouais, lacha Iwy.

• Bien monsieur Knives, dit Simon.

• Puisque tout le monde semble d’accord, je vais vous laisser. Ma mission est réellement urgente.

Knives siffla et un bruit de cheval galopant se fit entendre. L’immense bête à six membres émergea de la forêt et vint se poster à côté de Knives. Sarah fut terrifiée par cette créature de cauchemar. Pour elle, les chevaux avaient toujours symbolisés des animaux gentil et serviable, des amis pour ainsi dire. Cette créature était à l’exact opposé de tout ce qu’elle aimait chez les équidés. Knives remarqua la réaction de la jeune fille et par jeu guida la bête un peu plus vers elle. Sarah commença à trembler de tous ses membres. Iwy éclata d’un rire bien gras devant la peur de la jeune fille La bête, curieuse, approcha son museau de Sarah. Il pouvait lui aussi sentir la peur et il s’en délecta. Mais il sentit aussi l’odeur de son maître d’origine et créateur. La bête devint soudainement hystérique. Knives en perdit le contrôle pendant un instant avant de la dominer à nouveau. Le jeu ayant visiblement assez duré, Knives et la bête s’éloignèrent de Sarah. Knives demanda à Simon s’il avait réussi à sortir quoi que ce soit du sac. Les mésaventures de Simon le firent beaucoup rire et d’un geste il dissipa la magie du sac qui sembla se remplir à vue d’œil sous le regard concupiscent de Simon. Finalement, il récupéra ses affaires, donna des instructions précises aux personnes présentes, monta sur la bête et partit accomplir sa mission.

Sarah resta prostrée pendant un long moment sous les rires d’Iwy et de Simon. Seul le Chasseur restait de marbre. La petite fille ne l’intéressait visiblement pas du tout. Knives l’avait implicitement nommé chef du groupe au vue de sa performance contre Thsczyikhaar.

• Iwy, Simon, vous pouvez aller préparer le corps du Hierarke. On va bientôt partir, déclara le Chasseur.

• On ne pourrait pas s’amuser un peu avec la gamine avant de partir ? demanda Iwy qui avait visiblement besoin de se défouler après son humiliation face à Thsczyikhaar.

Le Chasseur s’approcha d’Iwy et sans un mot lui attrapa le visage au niveau de sa brulure et serra violement. Iwa tomba à genou et se mit à hurler. Le Chasseur se pencha et lui murmura à l’oreille :

• Ecoute moi bien, je ne vais pas passer les prochaines semaines à voyager avec toi et à refreiner tes pulsions. Donc soit tu arrêtes tout de suite, soit je te tue tout de suite. A toi de voir.

Le Chasseur relâcha sa prise et Iwy tomba au sol. Celui-ci fit mine de vouloir se saisir de son épée mais le Chasseur fut plus rapide et lui place son saï sous la gorge. Les deux hommes se regardèrent longuement. Finalement Iwy baissa le regard et abandonna la lutte.

• Très bien, je ferais ce que tu dis, mais fais attention à toi. Dès que la mission est finie, on règlera ça, lança Iwy.

Le Chasseur ignora la dernière phrase d’Iwy et d’un regard il fit comprendre le même message à Simon qui était en train de faire l’inventaire du sac à dos de Thsczyikhaar.

Sarah ne porta que très peu d’attention à tout cela. Elle était au trente sixième dessous. Elle ne savait pas quoi faire et elle ne voyait pas d’espoir. Elle avait bien pensé à sortir la lame de sa poche et essayer de s’enfuir mais elle avait rapidement comprit qu’elle n’irait pas bien loin. Elle en était presque à vouloir sortir la lame pour mettre fin à son calvaire. Elle refusait pour le moment de le faire en mémoire pour son oncle. Elle avait vu sa tentative de reconversion et elle voulait au moins essayer de faire vivre sa mémoire en survivant.

Sarah fut sortie de ses pensées par l’arrivée d’un nouveau cavalier. C’était le même homme chauve qui était venu parler à Thsczyikhaar. Sarah ne savait pas trop quoi penser de Gustave. D’un côté il avait fait du mal à Thsczyikhaar mais d’un autre lors de leur dernière discussion elle avait l’impression que Gustave voulait aider son oncle.

Elle regarda l’homme s’approcher du petit groupe. Une drôle d’atmosphère pesait sur les lieux. Iwy se mit à genoux et courba la tête devant Gustave. Le Chasseur resta les bras croisé et ne fit rien à par observer Gustave. Simon quand à lui se recroquevilla dans un coin et se fit le plus discret possible.

Gustave avança jusqu'à Cyanure et il la souleva très délicatement. Il alla ensuite à proximité d’Iwy et lui dit d’une voix paternelle :

• Fils, n’oublie pas ce que je t’ai appris. Seul la fin compte, nous ne pouvons nous permettre de laisser notre fierté nous aveugler. Tu auras la chanche de prouver ta valeur et ta dévotion à notre cause.

Iwy ne broncha pas et Gustave s’éloigna. Quand il passa devant Sarah, il lui dit dans un murmure qui resta entre lui et elle.

• J’ai promis à ton oncle de faire quelque chose pour toi, et je tiendrais ma parole. Ne perd pas espoir et continue à te battre. Tu peux encore faire beaucoup de chose pour ton oncle.

Gustave monta sur son destrier noir avant de disparaître avec Cyanure dans un éclair bleuté.