Chapitre 20 :
Dernières portes
Dernières portes
Le vent froid et glacial fouettait leur visage. Les éléments
semblaient être déchainés contre eux. La sombre masse de la montagne
les menaçait de toute sa puissante présence. Iwy et le Chasseur
progressait sans montrer de gène. Ils avaient connus pire au cours de
leur vie. Par contre, Simon et Sarah avait beaucoup plus de mal. Simon
ne cessait de pester et de protester. Sarah restait silencieuse et se
relevait laborieusement après chaque chute. Hyixsczaah gardait un œil
discret sur elle mais ne pouvait pas trop agir sous risque de voir sa
couverture tomber. Il sentit l'esprit de son frère entrer en contact
avec lui.
- Hyixsczaah ?, demanda la voix de Thsczyikhaar.
- Oui, pensa Hyixsczaah.
- Je suis à votre poursuite, je pense vous rattraper d'ici quelques heures.
- Tu ne peux pas te téléporter ?
- La zone ou vous vous trouvez est puissamment défendu contre les
intrusions. C'est trop risqué.
- Alors j'ai bien peur que tu ne doives venir dans la forteresse de
ton ennemi. Nous sommes bientôt arrivés. Tu as eut le temps de faire
ce que tu voulais ?
- Oui, je me suis expliqué avec Knives et j'ai croisé son maître, une
sacrée tête de con.
- J'imagine, tu as toujours eut un don pour te faire des amis.
- J'ai un service à te demander.
- Oui ?
- Je voudrais que pendant que tu traverses sa forteresse, tu
visualises bien tout le chemin et les différentes sécurités. C'est
pour me faciliter le chemin quand j'arriverai.
- Très bien, je le ferai.
- Merci… et une dernière chose, est ce que tu peux toucher Sarah, je
voudrais lui parler.
- Tu ne penses pas que ça risque de mettre ton plan à l'eau.
- Non, ils savent que je suis en vie, ils cherchent à m'attirer dans un piège.
- Et tu vas droit dedans.
- Comme toujours.
- Très bien, je vais faire ce qu'il faut, mais soit prudent.
- Promis, à bientôt.
Encore une fois, Sarah trébucha. Elle tomba tête la première dans la
neige et son front vint percuter une pierre cachée sous la surface
blanche. La neige se teinta rapidement de rouge alors qu'elle buvait
le sang de la jeune elfe. Le Chasseur poussa un juron et attrapa la
jeune fille par la peau du cou avant de la jeter sur ses larges
épaules comme un vulgaire sac de patate. Sarah ne broncha pas et resta
immobile. Le sang commençait à geler en formant des rubis écarlates
sur sa peau pale. Iwy arriva au niveau du Chasseur et le regarda de
son œil valide avec un sourire aux lèvres.
- Tu fais dans la charité maintenant Chasseur ? Je te prenais pour un dur.
- On doit la livrer en vie et à ce rythme elle va se tuer avant qu'on arrive.
- Comme tu veux, c'est toi qui porte.
- En plus ça me gonfle de la voir se vautrer tous les cinq mètres.
- Moi ça m'amuse.
- T' as qu'a regarder Simon se vautrer, lui on doit pas le ramener en vie.
- C'est vrai.
Iwy alla au niveau de Simon et l'observa progresser avec difficulté
tout en se moquant de lui. Sarah quand a elle était dans un autre
monde. Au moment ou elle avait touché l'épaule du Chasseur, elle
s'était retrouvée propulsé dans un autre univers. Elle était assise au
chaud dans un fauteuil en fourrure avec une grande tasse de chocolat
chaud devant elle et un feu dans la cheminée. Elle pouvait voir la
neige tomber par une petite fenêtre. Elle remarqua alors une
silhouette dans un fauteuil à coté d'elle. Elle reconnut tout de suite
son oncle :
- Ca y est, je suis morte ? demanda elle calmement.
- Non ma puce, pas encore, répondit Thsczyikhaar.
- Alors je vais bientôt mourir.
- Je n'espère pas ma puce.
- Ca fait mal d'être mort tonton ?
- Je ne sais pas ma puce, je ne suis pas mort.
- Mais, j'ai vu ton cadavre.
- Tu as vu le corps que j'occupais. Je me suis enfui à temps. Je suis
en route pour te sauver.
- C'est vrai ? Tu es pas mort ?
- Non ma puce, je suis bel et bien vivant.
Sarah éclata en sanglot dans le fauteuil. Une quantité incroyable
d'émotions et de pensées traversèrent son esprit.
- Tonton, ils ont ouvert ton sac et ils ont tué tes papillons. Ils ont
saccagés tes affaires et ils ont aussi brulé ma robe, annonça Sarah
d'un trait pour vider son sac.
- Ce n'est pas grave ma puce, le plus important c'est que tu ailles bien.
- Tu va venir me chercher quand ?
- Bientôt, promis.
- Tu vas encore te battre ?
- Je crois que je vais être obligé.
- Fais attention tonton, c'est trop dur de penser que tu es mort.
- Promis, au fait tu peux faire confiance au grand qui te porte. C'est
mon frère. Mais chut c'est un secret.
- C'est vrai, c'est pas un méchant ?
- C'est un gentil, un vrai, on fera les présentations quand tous sera fini.
- Je suis content de pouvoir te parler tonton.
- Moi aussi ma puce, mais on va devoir arrêter, on se revoit très vite.
- D'accord tonton.
- Je t'aime ma puce.
- Moi aussi tonton.
Sarah ferma les yeux et quand elle les rouvrit elle vit qu'elle était
sur l'épaule du Chasseur. Elle l'observa du coin de l'œil pour essayer
de voir une ressemblance avec Thsczyikhaar mais elle n'en trouva pas.
Petit à petit les sensations dans son corps se manifestèrent. Elle
commença par sentir une douleur cuisante au front puis ses pieds
meurtris par la marche se rappelèrent à son souvenir. Le froid la fit
grelotter et la faim lui tordit l'estomac. Mais elle repoussa tout ça
au fond d'elle-même et elle se concentra sur ce qui était important.
Son oncle était en vie et il venait la chercher.
Hyixsczaah et Thsczyikhaar avaient repris leur conversation mentale.
- Merci de t'être servi de moi pour votre conversation. J'ai adoré me
prendre pour une petite elfe pendant quelques minutes, ronchonna
Hyixsczaah.
- Tu auras fais preuve de finesse pour une fois. Trêve de
plaisanteries, j'ai de plus en plus de mal à maintenir la liaison. Tu
vas devoir me décrire ce que tu vois.
- D'accord, on est arrivé au deux tiers de la montagne, côté Nord. Il
y a un semblant de chemin qui mène à une grosse roche sombre encadré
par deux plus petites. On s'approche en ce moment de la grosse roche.
Les deux petits rochers viennent de se mettre à bouger, c'est des
golems. Ils soulèvent le rocher et nous laissent entrer. On est à
l'intérieur maintenant. Il fait toujours aussi froid et des torches
bleutées illuminent notre chemin. On arrive devant une porte décoré.
Il y a un code à inscrire. Je n'ai pas eut le temps de voir les
détails, la porte vient de s'ouvrir. On entre dans une très grande
pièce, il y a un précipice relié par un pont fait d'os. J'ai
l'impression qu'il y a des trucs qui bougent au fond du précipice, des
morts vivants peut-être. On vient de finir de traverser le pont. On
arrive devant une nouvelle porte. Elle a l'air solide mais elle
s'ouvre toujours toute seule. Un long couloir, la texture des murs
changent, on passe de la roche brut à du marbre noir. C'est charmant.
- Je me passerais de tes commentaires.
- Encore une porte automatique, il y a des gardes derrières, des
squelettes en armures et des ombres je crois. Encore une porte, un
zombie géant, encore une porte, rien de spécial, on suit un couloir.
On vient d'arriver devant une nouvelle porte. Ca à l'air d'être la
dernière. Elle est énorme, bon courage pour l'ouvrir quand tu
arriveras. Elle s'ouvre encore une fois toute seule. Je vois une salle
du trône après. On rentre et puis…
- Quoi ? je ne t'entends plus, pense plus fort.
- … terrible…
- Répète !
- …
Thsczyikhaar coupa le lien télépathique. Il n'en saurait pas plus pour
le moment. Son frère lui avait déjà apporté de précieuses
informations. Il ne lui restait plus qu'a s'en servir avec sagesse. La
forteresse de cette liche était plus une montagne blindée qu'une
demeure.
Thsczyikhaar aiguillonna mentalement HellBent pour qu'il accélère le
rythme. La bête fit une embarder et se dirigea vers la montagne. Ils
galopèrent à toute vitesse allant plus vite que le vent. Quand ils
arrivèrent aux racines de la montagne et que le terrain se fit moins
facile, ils ne ralentirent pas. HellBent passait les obstacles sans
soucis. Il grimpait les pentes trop raides en plantant ses sabots dans
la roche.
Thsczyikhaar et sa monture entamèrent la longue ascension dans le
froid et un début de tempête de neige. Thsczyikhaar repéra
immédiatement la nature magique de ce mauvais temps permanent. Ils
grimpèrent le plus vite possible. Quand finalement ils arrivèrent
devant le rocher d'entrer, HellBent était épuisé. Thsczyikhaar lui
flatta l'encolure et le remercia de lui avoir fait économiser une
bonne partie de ses forces. Thsczyikhaar mit pied à terre et
s'approcha de la roche centrale. Par mesure de défi, il alla d'abord
frapper, pour s'annoncer. Il saisit ensuite Malefactor et dans un
grand geste, il le planta dans la roche centrale. La montagne trembla
un instant alors que les âmes du trident hurlaient leur haine.
Thsczyikhaar attrapa fermement le manche du trident et banda tous ses
muscles. Il espérait que ses calculs étaient justes sinon il allait
devoir refaire un trident. Dans un grondement terrifiant, centimètre
par centimètre, Thsczyikhaar souleva l'énorme roche. Les deux golems
de pierre s'animèrent et voulurent empêcher l'intrus d'en faire plus.
Thsczyikhaar balança violement l'énorme rocher contre ses deux
gardiens et rapidement il n'y eut plus que du gravier pour garder la
montagne. Thsczyikhaar déposa le rocher et pénétra dans la forteresse
de son ennemi.
Thsczyikhaar avançait prudemment, il pouvait sentir qu'il n'était pas
le bienvenu. Plusieurs sortilège de malédiction vinrent le frapper à
peine eut il mit un pied dans la forteresse, mais sa résistance à la
magie l'avait protégé. Les torches étaient éteintes et seule la
lumière crépusculaire de l'entrée de la forteresse éclairait un peu
les lieux. Rapidement, Thsczyikhaar clama un mot de pouvoir et de la
lumière jaillit du rubis de son front. Il arriva finalement devant la
porte décoré que lui avait décrite son frère. Thsczyikhaar ne voulait
pas perdre de temps. Il leva son trident et frappa la porte. Celle-ci
éclata et projeta des éclats dans toutes les directions. Thsczyikhaar
ignora l'explosion et passa à travers la porte. Il arriva devant le
précipice.
Mais il n'y avait pas de pont d'os. Il devait être certainement lié à
l'ouverture de la porte. Thsczyikhaar pouvait aussi sentir des sorts
très puissants en action. Ils avaient tous pour but d'empêcher le vol
et la téléportation. Les deux rebords du précipice étaient éloignés
de presque un kilomètre et il y avait effectivement du mouvement au
fond. Thsczyikhaar repéra un petit chemin qui descendait au fond du
ravin et en discerna un autre de l'autre côté. Les intrus doivent donc
descendre et remonter se dit Thsczyikhaar. Il haussa les épaules et
commença la descente. Ce qu'il vit en descendant lui déplut fortement.
Ce qu'il prenait pour quelques formes mouvantes étaient en faite une
mer de cadavres animés. Les morts vivant se comptaient par milliers
voir par dizaines de milliers si ce n'est plus. Ils étaient empilés
les uns sur les autres, gémissant et gesticulant sans aucun but,
attendant juste que leur maitre ait besoin d'eux pour l'une de ses
expériences. Une odeur abominable monta aux narines de Thsczyikhaar.
Les morts vivants sentirent sa présence et s'excitèrent en sentant de
la chair fraiche.
Ils étaient trop nombreux pour les affronter. Thsczyikhaar aurait bien
essayé de courir à la surface mais s'il venait à trébucher, ce serait
la fin. Il avait besoin d'aide pour repousser les morts vivant et se
faire un chemin. Thsczyikhaar étudia quelques instants un sortilège
particulièrement complexe dans le grimoire de Knives et lança. Il
entrouvrit la bouche, libérant un énorme nuage de mouche verdâtre à
l'abdomen luisant. Les mouches se répandirent sur les cadavres où
elles pondirent des œufs qui donnèrent naissance presque immédiatement
à de grosses larves blanches. Les larves étaient porteuses d'une
maladie dévoreuse de chair. Les morts vivants se liquéfièrent sous
l'action de la maladie. La chair se détachait des os avant de pourrir
sur place. Un demi-cercle de cinquante mètre de rayon se dégagea
devant Thsczyikhaar. A la place des morts vivants, il ne restait plus
qu'une mare de reste organique mais l'effet du sort ne s'arrêtait pas
là. Les fluides putréfiés se mirent à bouillonner alors que de longs
membres gris et caoutchouteux cherchaient à s'extraire. Dans un
simulacre de naissance, une centaine de monstre gros à la peau
luisante et à la mâchoire béante naquirent et attendirent un ordre de
leur créateur. Thsczyikhaar leur ordonna de lui frayer un chemin. Les
créatures se mirent en route avec Thsczyikhaar en leur centre. Les
monstres gris massacrèrent les morts vivants sans aucune hésitation et
sans répit. Si jamais trop de monstre gris tombaient sous le coup des
ambulants, Thsczyikhaar levait un nouveau vent de peste pour regonfler
les rangs de son armée.
Finalement, après s'être tracé un chemin morbide, il arriva finalement
de l'autre côté du ravin. Il laissa ses monstres se battre contre les
milliers de morts vivants et il monta jusqu'à la porte suivant qu'il
fit exploser comme la précédente. Il ne devait plus perdre de temps.
Thsczyikhaar commençait à être lassé de toutes ses portes. Il avait
cessé de parcourir les donjons depuis longtemps. Il se mit à courir
dans les couloirs de marbre noir et défonça la porte suivante en
ignorant l'explosion de magie qui se déchaîna autour de lui. Il arriva
dans la pièce avec les gardiens. Les ombres et les squelettes
lourdement armés l'attaquèrent instantanément. Le combat fut
extrêmement bref. Thsczyikhaar avait maintenant un trident et il
pouvait se servir de ses années d'expertises. Sans jamais s'arrêter,
Thsczyikhaar frappait sans relâche, alternant feinte, esquive et
frappe. Malefactor méritait bien son nom. A chaque impact, il
déchirait, brisait et brulait. Les âmes contenues dans sa matière même
hurlaient et déchiraient les esprits et la magie qu'elles touchaient.
Thsczyikhaar défonça la porte suivante et tomba nez à nez avec le
zombie géant. Son frère avait une légère tendance à l'euphémisme. Le
monstre mesurait plus de quinze mètre de haut. Thsczyikhaar commença à
se lancer à l'attaque quand le monstre accomplit la seul action pour
laquelle il était programmé. Il explosa avec une violence inouïe.
Thsczyikhaar fut violement projeté contre un mur. Le monstre était
rempli d'écharde de fer forgé à froid qui lacérèrent Thsczyikhaar. Son
armure tint en grande partie le choc mais il se retrouva recouvert de
coupure. Il pouvait sentir les différents poisons et les différentes
maladies contenues dans le corps du monstre essayaient de pénétrer son
corps. Thsczyikhaar se concentra et du utiliser presque toutes ses
ressources psychiques pour se soigner et combattre l'infection.
Essoufflé mais toujours motivé, Thsczyikhaar arriva devant la dernière
et immense porte. Il frappa de toutes ses forces mais elle ne bougea
pas d'un poil. Il recommença plusieurs fois mais elle résistait
toujours à ses coups et même à la plupart de sort. Thsczyikhaar grogna
de frustration et chercha une solution.
A cet instant, une voix sépulcrale se fit entendre et le maître de
Knives s'adressa à Thsczyikhaar.
- Je ne crois pas t'avoir invité, bâtard du multivers.
- J'ai vu de la lumière alors je suis rentré, répondit Thsczyikhaar en
ravalant sa colère.
- Tu as l'air plus fatigué que ce que j'aurais cru.
- J'ai encore de la ressource ne t'en fais pas pour moi.
- Dire qu'il n'y a plus qu'une porte entre toi et ta petite protégée
et que tu n'arrives pas à l'ouvrir.
- Faudra que tu me donnes l'adresse de ton serrurier elles sont pas
mal tes portes, mais un peu fragile quand même.
- Tu parles beaucoup mais tu agis peu, dépêche toi, tic tac, l'horloge
tourne, je vais bientôt tuer la fille.
Thsczyikhaar se tut et cessa de jouer le jeu de la liche. Il réunit le
maximum d'énergie magique qu'il put et commença à incanter. Il
s'apprêtait à lancer l'un des sorts les plus puissants de son
répertoire. Il se concentra sur la trame de la réalité et commença à
la briser. Un point noir apparut devant lui. Il se mit rapidement à
grossir en pulsant. Thsczyikhaar restait extrêmement concentrer. Il
venait de créer une brèche dans la réalité même. Si jamais il en
perdait le contrôle elle le détruirait comme elle détruit tout ce
qu'elle touche. Une fois que l'a sphère noirâtre fit un mètre de
diamètre, Thsczyikhaar cessa de la faire grandir. Il tendit ses mains
en avant et poussa légèrement avec sa volonté. Le vortex hurlant se
translata doucement vers la porte. Finalement Thsczyikhaar donna une
dernière poussée mentale et projeta la sphère vers la porte. Le vortex
traversa la porte sans aucun effort détruisant toute la matière avec
laquelle il entrait en contact, laissant un magnifique passage pour
Thsczyikhaar. Thsczyikhaar sourit et s'engouffra dans la brèche
trident au poing.
1 commentaire:
Reste à savoir maintenant ce qu'il y a de si terrible derrière cette porte... Bonne fin de semaine!
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