mardi 13 mai 2008

L'avenement - Chapitre 17

Chapitre 17 : Renaissance

Le Chasseur entra dans la clairière. Il semblait visiblement très en colère. Il portait une armure de cuir décorée avec des peaux de créatures sauvages. Il tenait dans chaque main un saï, une arme exotique provenant de lointaine province. Ce sont de longue pointe non tranchante avec une garde particulière permettant de coincer et de briser les épées.

Thsczyikhaar observa son bourreau s’approcher et c’est avec stupeur qu’il le reconnut :

- Toi ! Comment est ce possible ?

A cet instant, une discussion télépathique débuta entre le Chasseur et Thsczyikhaar. A l'abri de toutes oreilles indiscrètes les deux hommes se parlèrent tout en s'affrontant dans le domaine physique.

- Joue le jeu ! ordonna le Chasseur, si tu veux vivre, on va devoir jouer serré.
- On leur raconte l'histoire classique ? répondit Thsczyikhaar un peu surpris et en même temps soulagé.
- Oui, elle a toujours marché.
- J'ai cru pendant un instant que tu venais réellement me tuer.
- Parfois je me demande si tu ne le mériterais pas.
- Ce n'est pas très gentil de dire ça à ton grand frère.
- Grand frère de trois jours et demi, ça ne compte pas.
- Ca me fait plaisir à moi aussi de te revoir Hyixsczaah.
- Trêve de parlote. Tu es dans un sacré merdier. Si on veut sauver ta peau on va devoir faire très attention.
- Pourquoi ne pas s'allier et leur botter les fesses ?
- Knives, celui qui t'a planté la dague dans le dos, est plus dangereux qu'il n'y paraît.
- C'est juste un nécromancien de plus à tuer.
- Tu as pensé un instant à ta petite protégée ?
- Tu as raison, admit Thsczyikhaar.
- Depuis quand tu ne manges plus d'elfes ?
- Je n’ai pas arrêté mais je me suis attaché à celle là.
- A quel point ?
- Je crois que je l'aime plus que n'importes quels de mes enfants.
- Aïe, d'un autre côté ce n’est pas très dur.
- Eh, c'est toi qui as dit qu'on devait être sérieux !
- Tu as raison. On va se battre un peu avec les arbres, ça va brouiller les pistes.
- Ok, tu me dis si j'y vais trop fort.
- T’inquiète pas pour moi, essaye plutôt de faire quelque chose pour le couteau que tu as dans le dos.
- J'y travaille, je me concentre pour faire se résorber les pointes mais c'est ardue.
- De toute façon, je pense qu'il va falloir que tu abandonnes ce corps.
- Encore...
- Tu n'as pas le luxe de rechigner, le sermonna Hyixsczaah.
- Mais...
- Il n'y a pas de mais qui tienne. Je viens de passer un certain temps avec eux et je sais que tant qu'ils ne t'auront pas tué, ils seront prêts à tout pour t'éliminer. Je ne voudrai pas que leur vendetta personnelle fasse trop de dégâts sur les innocents.
- J'oublie toujours que c'est toi le gentil de la famille.
- Va te faire foutre, écoute moi bien je me casse le cul depuis que je t'ai sentir te réincarner pour que tu ne te fasses pas tuer comme une merde et surtout pour que tu n’entraînes pas trop de gens dans ton truc. La seule solution pour toi de t'en sortir c'est de faire le mort.
- Je n'abandonnerai pas Sarah, jamais tu m’entends !
- J'ai bien compris. Mais pour l'instant, il faut que tu te la joues discret. Il faut que tu reprennes l'initiative. Tu es en défense depuis trop longtemps et ça ne te réussit pas.
- C'est vrai...
- Sarah te gène pour le moment, il faut que tu reprennes des forces et que tu prépares à frapper et à éliminer ceux qui te menace.
- Mais j'ai promis de ne pas l'abandonner. Si il lui arrivait quoique ce soit, je ne suis pas sur que tout le reste vaille le coup.
- Je vais te faire le scenario le plus probable si on suit ton idée et qu'on s'attaque à Knives. Admettons qu'on le batte et qu'on s'en sorte tout le deux en vie. On récupère Sarah et on s'enfuit. Le Maître de Knives, qui est une liche, et qui a ton trident va certainement pas rester dans son coin. Il sait parfaitement se servir de ton trident. Tu as une idée de ce qu'il va faire ?
- Oui... Tu as raison tant qu'il sait que je suis en vie et qu'il sait ou je suis, je n'ai aucune chance.
- Content que tu l'admettes.
- Pourquoi il n'intervient pas maintenant ?
- Parce que je ne serais pas là en train de faire semblant de me battre avec toi tu serais déjà mort.
- Pas faux.
- En plus, tant que Knives est en vie il doit certainement lui laisser une chance de faire ses preuves.
- Donc en tuant Knives on attire son attention.
- Exact, et pour finir la dernière raison, il a trop confiance en lui.
- Classique chez les grands magiciens, je parle en connaissance de cause.
- Bref, c’est pour ça que je te propose le plan suivant. On continue de se battre le temps que tu puisses retirer le couteau et ensuite tu te prépares à dégager de ce corps le plus rapidement possible.
- Le début est intéressant continue.
- Ensuite, tu te fais le plus discret possible et tu t’éloignes le plus rapidement possible. J’ai laissé deux trois trucs pour te donner un coup de main dans un bosquet à quelques kilomètre de là. Pendant ce temps là je tue ton ancien corps.
- Et Sarah ?
- Tu la laisses ici. Je sais que ça va pas ta plaire mais ils arrivent à la pister facilement. Je vais prendre soin d’elle et m’assurer qu’ils ne lui feront pas de mal.
- Ca ne me plait pas vraiment mais je n’ai pas l’impression d’avoir le choix. Tu as des conseils sur la suite des événements.
- Pas vraiment, a part qu’à mon avis ils ne resteront pas dupe longtemps au sujet de ta mort. Et puis tu vas vouloir récupérer la fillette.
- Oui et aussi leur botter les fesses. Je ne suis pas du genre à me laisser marcher sur les pieds.
- Je vais suivre Sarah et rester avec elle. Tu peux compter sur mon aide le moment venu.
- Merci mon frère.
- Alors tu vas faire quoi ?
- J’ai besoin d’une arme pour combattre le trident. Je vais aller m’en fabriquer une.
- Mais ça prend des années.
- J’ai une astuce pour ça.
- Oui, je vois de quoi tu parles. Fais attention, le coin est plus très accueillant.
- Moi prudent ? C’est mal me connaître. Je vais bientôt pouvoir enlever le couteau.
- Parfait, une fois que tu l’auras fait je me mettre en position pour te briser la nuque.
- Comme si tu pouvais y arriver.
- Je sais, mais eux ne le savent pas. Quand tu es prêt à transférer ton esprit dis le moi et on met fin à tout ce cirque.
- Ca marche, merci.
- C’est normal, comme tu le dis, je suis le gentil de la famille.
- On se revoit plus tard pour la tournée générale de fessées.
- Je raterais ça pour rien au monde.
- C’est bon je suis prêt.
- A plus tard.
- A bientôt petit frère.


Thsczyikhaar essaya de se défaire de la prise. Ses doigts tracèrent des sillons sanglants dans les bras du Chasseur mais rien ne semblait l’arrêter. Puis soudainement comme si c’était le geste le plus simple du monde, le cou de Thsczyikhaar céda. Dans un craquement sinistre, le Chasseur fit faire plus de cent quatre vingt degrés à la tête de Thsczyikhaar. Toute la tension dans le corps de Thsczyikhaar se relâcha et il s’effondra comme une poupée de chiffon.

Au même moment à plusieurs centaines de mettre de là, une lutte très brève et sans aucun enjeu s’engagea entre l’esprit d’un écureuil et celui d’un demi démon. Une fois l’esprit du rongeur proprement expulsé, Thsczyikhaar s’installa dans ce nouveau corps d’accueil. Les premiers instants, il fut assailli d’image de noisette et de nourriture. Il fallait qu’il finisse ses réserves pour l’hiver. Thsczyikhaar combattit les instincts persistant de l’animal et finit par prendre totalement le contrôle de la petite créature.
Thsczyikhaar détestait devoir prendre possession d’un corps animal. Il lui fallait toujours un bout de temps avant de réussir à correctement le maîtriser. Il ne pouvait quasiment pas se servir de magie et en général le corps d’accueil n’était pas assez résistant pour une métamorphose un peu importante. Thsczyikhaar tituba dans un petit peu toutes les directions. Il devait apprendre à équilibrer le corps du rongeur et à se servir de la queue touffue de l’animal comme d’un balancier. Ce n’était pas la première fois mais il trouvait ça toujours aussi humiliant. A ça venait se rajouter sa défaite face à Knives et ses hommes. Thsczyikhaar était particulièrement en colère et aussi très inquiet pour Sarah. Il espérait de tous son cœur qu’ils ne réussiraient pas à la trouver. Il devait néanmoins admettre que son frère avait raison. Sarah le rendait plus faible. Sachant cela plus ce que Gustave lui avait révélé sur la détermination de ses adversaires, Thsczyikhaar se maudit de son arrogance et de sa propre confiance. Le besoin de s’en aller définitivement se faisait de plus en plus sentir. Il avait parcourut le multivers dans tous les sens à plusieurs reprises. Il était relativement connu et avait suffisamment d’ennemis ou de fils d’ennemis pour qu’il n’ait pas le droit à une once de tranquillité avant un bout de temps. Thsczyikhaar avait besoin de vacances, d’aller dans un endroit où personne n’aurait entendu parler de lui, bref de reprendre une vie à zéro, de renaître. Un petit peu comme quand il était arrivé pour la première fois à Gantror. Qui aurait parié qu’un tieffelin chassé de ses terres natales et sans avenir, perdu dans un bled du trou du cul de la campagne deviendrait le Hierarke, personne, pas même Thsczyikhaar.
C’était exactement cela qu’il lui fallait, un nouveau départ mais avant il fallait effacer l’ardoise et s’assurer de l’avenir de Sarah. Gustave lui avait promis de chercher une solution pour qu’elle puisse l’accompagner s’il devait partir mais Thsczyikhaar se préparait déjà à devoir partir sans elle. Il partirait peut être sans elle mais pas avant de s’être assurer de son bonheur.
Contrairement à ce qu’il avait dit à son frère, Thsczyikhaar attendit un petit peu. Il devait savoir s’ils allaient trouver Sarah ou pas. Il attendit un moment puis il entendit sa propre voix appeler sa petite protégée. L’écureuil soupira, il avait eut le maigre espoir qu’ils ne la trouvent pas mais c’était un espoir vain. Il devait partir maintenant sinon tout cela n’aurait servit à rien.
Le petit écureuil partit en direction du bosquet que lui avait indiqué Hyixsczaah. Il lui fallut presque la journée pour l’atteindre, un écureuil n’était pas conçu pour faire de longues distances. Thsczyikhaar farfouilla un peu dans le bosquet à la recherche du paquet que son frère lui avait laissé. Il finit par le trouver dans une souche en train de pourrir. Thsczyikhaar grignota les liens et entrouvrit le paquet. Une main momifiée tomba sur lui. Il sauta en arrière et revint observer l’objet en question. Un écureuil aurait pu rire et sourire, il l’aurait fait. Thsczyikhaar reconnu immédiatement cette grande main aux longues phalanges et aux ongles noires. C’était sa main, où plutôt celle de son corps d’origine. Il l’avait conservé momifié au cas où il devrait un jour faire une incarnation d’urgence, come c’était le cas maintenant. Cela faisait partie des objets magiques que le duc de Galkin devait garder et qu’il avait perdus.
Impatient, l’écureuil mis un coup de dent dans la main. Il éclata dans un petit nuage de poil ne laissant derrière lui qu’un petit tas de cendre. La main commença à reprendre des couleurs. Les os du poignet commencèrent à se régénérer lentement suivit par ceux de l’avant puis du bras. Au même moment, cartilages, tendons et muscles reprenaient aussi leur place. Le processus gagna en vitesse et bientôt se fut l’intégralité du corps de Thsczyikhaar qui était en train de se régénérer. Il fallut presque une heure pour que le processus se termine. Au bout de ce temps là, Thsczyikhaar se releva. Il était nu comme un ver mais il était bien. Cela faisait des années qu’il n’avait pas été dans son véritable corps. Il retrouva rapidement toutes les sensations qu’il connaissait.
Quand il empruntait un corps, la première chose que faisait Thsczyikhaar était de le remodeler à son image. Grace à cela il retrouvait une grande partie de ses sensations mais cela lui demandait de la concentration de se maintenir sous cette forme et malgré tous ses talents dans ce domaine, il n’arrivait jamais à reproduire parfaitement son corps. Alors que là, tout était parfait, toutes les imperfections, tous les détails, tout était présent. Thsczyikhaar ne s’était pas sentit aussi bien depuis très longtemps.
Thsczyikhaar reporta son attention sur le sac et son contenu. Son frère avait récupéré tout ses objets magiques et tout son équipement autre que son sac à dos et son grimoire. Il remercia mentalement son frère de cette attention. Thsczyikhaar commença par se vêtir. Il enfila son armure feuilleté en acier vert en provenance direct de Baator, avec ça plus de poignard dans le dos. Il chaussa une paire de bottes usées, plaça une tiare ornée d’un rubis sur son front, et finit par passer un médaillon frappé de son symbole, une hydre bicéphale issu d’un soleil noir. Il plongea une dernière fois dans le sac et en retira une cape noire recouverte de symbole cabalistique et un long fouet barbelé a son extrémité. Il prit le fouet dans sa main gauche et fixa le sommet de la garde ou un œil reptilien s’ouvrit et fixa Thsczyikhaar.

- Nous voici enfin réunit Biokh, ça faisait longtemps.

Le fouet émit une sorte de ronronnement de plaisir.

- On va voir si on n’a pas perdu la main. Tu es prêt ?

L’œil jaune cligna une fois en signe d’acquiescement. Thsczyikhaar arma son bras et frappa à trois reprises en direction d’un arbre. Le fouet claqua trois fois et trois branches tombèrent sur le sol proprement sectionnées. Thsczyikhaar frappa une nouvelle fois directement vers le tronc. Le fouet s’enroula et les barbillons s’accrochèrent dans l’écorce. Le poison commença à se répandre alors que le fouet ne cesser de se resserrer comme un serpent constricteur. Thsczyikhaar observa les feuilles de l’arbre se flétrir et tomber, il entendait le bois gémir sous l’effort imposé pas la constriction du fouet. Satisfait, il pressa un poussoir sur la garde du fouet et tira un coup sec en arrière. Les barbillons avaient légèrement changé de place et le fouet avait cessé de se resserrer. Le fouet se déroula à grande vitesse, les barbillons coupant le tronc. Le fouet se ré enroula docilement dans la main de Thsczyikhaar. Le tronc de l’arbre avait été proprement sectionné par le fouet en rotation.

- Toujours aussi efficace, nota Thsczyikhaar satisfait, mais je vais t’offrir une petite cure de jouvence.

Thsczyikhaar sortit un couteau du sac et trancha net la lanière du fouet. Il s’entailla ensuite la paume et versa quelques gouttes de sang sur la coupure du fouet. Le fouet sembla boire avidement le sang et une nouvelle lanière commença à se former. Thsczyikhaar accrocha le fouet à sa ceinture.
Il était temps d’essayer le reste de son équipement. Thsczyikhaar récupéra toutes ses affaires et sortit du bosquet et se posta à proximité. Il prononça le mot feu en elfique. Une langue de feu bleuté jaillit du rubis sur son front. Il tourna la tête d’un côté et de l’autre et mit le feu au bosquet dans un bel arc de flamme.
Satisfait, il partit en courant, au début il allait à une vitesse normale puis il poussa un petit peu plus. Il sentit la magie de bottes se mettre en place et il commença à accélérer. Thsczyikhaar sentait le vent lui fouetter le visage alors qu’il allait aussi vite qu’un cheval au galop.
Thsczyikhaar éclata de rire. Il ne lui manquait plus qu’un nouveau trident magique et il serait prêt pour aller leur expliquer son point de vue.
Son rire se répercuta aux alentours. Tous ceux qui l’entendirent crurent que des démons s’étaient incarnés sur terre et allaient venir les dévorer. Les vaches donnèrent du lait qui avait déjà tourné. Les coqs mirent plusieurs journées avant oser chanter. Les enfants firent des cauchemars pendant de long mois.
Thsczyikhaar finit par se calmer et se concentra sur sa prochaine destination, la capitale de son ancienne république Gantror. Là bas se trouvait sa forge, là bas se trouvait la chambre froide qui lui permettrait de surprendre ses adversaires.
Son frère l’avait prévenu. Il lui avait dit que c’était devenu un endroit dangereux mais Thsczyikhaar se sentait prêt. Il n’allait pas abandonner, il ne pouvait pas abandonner, il devait le faire pour Sarah. Elle devait être désormais très certainement au courant de sa mort. Elle devait être au plus mal, il fallait faire vite.
Thsczyikhaar posa la main sur son médaillon et commença à visualiser les faubourgs de Gantror, des bâtiments modernes, des espaces verts, des rues pavés et des fontaines exotiques.Il se remit en tête un endroit précis, libre de tout obstacle et dans un petit chuintement il se téléporta là bas pour accomplir la dernière étape de son plan avant le grand final.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Aaaaah... je le savais bien. Bon par contre totalement surpris par l'identité du Chasseur ^^
Bonne soirée à toi!