Atride sortit du bureau du Colonel suivit de près par le commissaire Grass. Le capitaine affichait un air sceptique et soucieux. Il fit quelque pas tout en respirant l’air. Il pouvait sentir l’approche Tyranides, les spores se faisaient de plus en plus présentes. Il se retourna et regarda Grass droit dans les yeux :
- Vous allez encore me suivre longtemps Commissaire ? demanda Atride.
- Vous avez entendu les ordres du Colonel, il ne veut plus vous laisser seul pour le moment. Et je me suis porté volontaire pour être votre officier garant.
- Je n’ai pas besoin de baby-sitter.
- Je sais. Par contre comme on a pu le voir aujourd’hui vous avez parfois besoin d’un mec pour vous tirer le cul des ronces.
- Hum, grogna Atride, très bien, sur le champ de bataille on sera ensemble et j’espère que vous ne trainerez pas derrière moi. Mais pour le moment, j’ai besoin d’un moment pour aller briefer mes hommes et pour ça je n’ai pas besoin de vous.
- Je dois vous suivre partout Capitaine, vous le savez bien.
- Bordel, vous êtes plus collant qu’un mange-face au régime.
- Un quoi ?
- Une saloperie de chez moi qui se planque pour s’accrocher à sa proie avant de la dissoudre pour la manger. Impossible à décrocher sans faire venir une livre de chair de la proie au moins.
- Charmant. La faune nécromundienne a l’air charmant.
Un homme à la carrure imposante portant l’uniforme caractéristique du 8ème Necromunda vint à la rencontre du capitaine et du commissaire.
- Chef, les hommes sont prêts on attend plus que vous.
- Merci Blane, on arrive.
- On ?
- Oui le Commissaire va rester avec nous.
- Mais je croyais que …
- Pas de discussion Adjudant, il n’est pas là pour vous juste pour moi.
Les trois hommes partirent en direction du campement des commandos d’Atride. Grass n’avait jamais assisté au briefing d’Atride à ses commandos et personne d’autres dans le régiment non plus à l’exception probable du colonel. C’était encore un privilège accordé par le colonel aux mystérieux Van Saar.
L’organisation du bataillon RSL était certainement la plus complexe de tout le régiment. En grande partie composé du 8ème régiment d’artillerie de Necromunda, il était devenu le fourre-tout du régiment.
A l’origine le 8ème régiment d’artillerie avait une organisation assez classique comportant deux bataillons d’artillerie et d’un bataillon d’infanterie motorisée. Le bataillon d’infanterie motorisée comportait trois compagnies, une compagnie de reconnaissance composée de sentinelle, une compagnie d’infanterie motorisée et une compagnie du génie.
Grass connaissait assez bien l’organisation d’origine du 8ème puisque c’était son régiment d’affectation d’origine. En tant que commissaire il avait en charge l’un des deux bataillons d’artilleries composés en grande partie de braves gardes bien content de n’être jamais en première ligne. Cependant il avait beaucoup entendu parler de la compagnie du génie et son célèbre commandant le capitaine Atride. Les cent cinquante hommes de cette compagnie était tous issu des milieux les plus dur des ruches et tous issus de la maison Van Saar. C’étaient de véritables franc tireurs complètement à l’écart de la structure hiérarchique usuel et sous la surveillance permanente de trois commissaires spécialement entrainés.
Suite aux événements de Bittorea et surtout aux lourdes pertes, le régiment fusionna et fut réorganisé en un bataillon de Reconnaissance, Support et Logistique. Toutes les pièces d’artillerie furent regroupés en une compagnie, tous le support logistique du régiment complet dans une autre compagnie et finalement on regroupa dans une compagnie dites de Reconnaissance les snipers, les sentinelles, les éclaireurs, les services spéciaux et les commandos d’Atride. Et l’on confia le commandement du bataillon à Atride.
Cette fois-ci, Grass eut la responsabilité de tout le bataillon à l’exception des quarante survivant Van Saar et d’Atride qui ne répondait qu’à Applewood. Ce qui passa dans les premiers temps pour du favoritisme se révéla finalement peu enviable vu la complexité et la dangerosité des missions qui étaient confiées aux commandos.
Parallèlement Atride devint une icône du régiment aux côté du Colonel Applewood, du Lieutenant Colonel Rokwood, du Major Burns, du Commissaire Senior Scipio et du Premier Lieutenant Griffith. Ses actions durant le siège de Gemaur entrèrent dans la légende du régiment.
Les trois hommes finirent par arriver devant le campement, l’adjudant Blane marqua une pause et dévisagea le commissaire l’air visiblement embêté. Atride se tourna vers le jeune Commissaire et le regarda d’un air sévère :
- Commissaire, il est fort probable que vous puissiez assister dans ses murs à des actes en infractions avec le code militaire. Je me permets de vous rappeler que vous êtes ici uniquement pour moi. Si jamais une seule sanction devrait prise contre l’un de mes hommes à cause de vous, il me faudrait bien plus que toute une ruche Tyranide pour vous montrer comment on s’occupe des balances dans le sous-monde.
Atride ne laissa pas le temps à Grass de répondre et se tourna pour ouvrir la porte. Une bouffée d’air chaud chargé d’odeur de sueur, d’huile pour moteur et de prométhium frappa le visage du commissaire. A l’intérieur du hangar préfabriqué, la quarantaine de Van Saar s’activait avec énergie autour de tout un bric à brac de matériel que Grass avait bien du mal à identifier. Cette quantité incroyable de matériel acquis par des méthodes certainement pas orthodoxe était composée d’un mélange d’armes en pièces détachées, de machine-outil de fabrication artisanale, de matériaux de récupération divers et Grass crut même reconnaître le châssis d’une chimère désossé.
La forte voix de l’adjudant Blane tonna et résonna dans le hangar :
- Rassemblement les gars ! Plus vite que ça ! Le chef veut vous parler.
Les hommes quittèrent promptement leur poste de travail et leurs outils avant de venir faire un demi-cercle autour de leur officier supérieur. Aucun ne salua ni ne se mit au garde à vous. La plupart n’avait pas d’uniforme réglementaire et quasiment tous arborait sur eux des objets de contrebande illicite. Atride regardait ses hommes avec un sourire comme un père observe ses enfants après un long moment d’absence :
- Mes amis, dans quelques heures nous allons retrouver les combats. Et si tous se passe bien dans quelques jours nous serons de retour dans la soute d’un vaisseau de transport. Comme vu avec chacun d’entre vous avant mon petit contretemps, notre mission principale sera de nous faufiler dans les tunnels et de s’assurer que les punaises ne rentrent pas par la porte de derrière. J’ai la confirmation de la part du Colonel que nous avons toutes latitudes pour l’utilisation de notre matériel. Il y a cependant deux petits changement par rapport à hier. Nous n’avons pas put tester en grandeur réel l’installation d’hier donc si on reste sur notre estimation notre brouilleur va empêcher les punaises de passer dans les tunnels à peu près la moitié du temps dans un rayon de cent cinquante mètres. C’est moins que ce que nous visions, il y aura donc plus de punaises et elles seront repoussées moins loin. Alors soyez sur vos gardes, ce n’est pas une promenade de santé alors n’hésitez pas. Si l’un d’entre vous revient avec plus de la moitié de ses munitions, il est bon pour s’occuper des latrines du premier bataillon d’infanterie.
Les hommes du Capitaine rirent à cette dernière mention sans que Grass ne comprenne pourquoi.
- Et le dernier point, le plus important, je ne serais pas avec vous durant la bataille. Le Colonel dans sa grande bonté m’a réassigné pour la bataille sur une autre mission auprès des rampants de Rokwood. A partir de maintenant pour toutes questions relatives à votre mission, je nomme l’Adjudant Blane pour ma suppléance. Des questions ?
- Ouais Capt’aine demanda un homme en débardeur sale une cig au coin de la bouche. Si le plan du vieux y foire on fait quoi ? Parce que si vous êtes au milieu de ce bordel, on va pas faire sauter les charges.
- Mon implications dans l’opération en surface ne change en rien vos directives quand au plan de secours. Et puis ne t’inquiète pas Feud, je compte bien être là au prochain tournoi pour te botter le cul.
- Ca c’est se que vous croyait chef !
Les rires fusèrent à nouveau à travers la pièce.
- Messieurs, encore une fois c’est dans l’ombre que nous allons agir. Mais l’Empereur veille sur nous et le Colonel aussi. Pour les Van Saar et le NLGB, à la victoire !
Les hommes poussèrent un cri de guerre à l’unisson avant de s’atteler à leur préparatif. Atride observa ses hommes s’activer avec le sourire. Blane houspillait les hommes avec véhémence pour que ceux-ci se dépasse.
Le capitaine se dirigea vers un coin du hangar qui semblait lui être réservé. Grass suivit l’officier et l’observa en train de prendre ses armes, un pistolet à plasma et une épée tronçonneuse lourdement modifiée. Atride enleva ensuite son uniforme d’état major pour passer sa tenue de combat. C’était une combinaison de combat Van Saar adapté à la survie en milieu hostile combiné avec des plaques de protection pare balle.
- Commissaire, vous savez ce qui nous attend et quelle est notre mission. Je sais que ce n’est pas votre spécialité et c’est courageux de votre part d’assumer ce rôle. Nous avons une petite chance de nous en sortir mais pour ça il faudra me faire confiance et être prêt à me suivre, même en enfer.