vendredi 26 mars 2010

L'affaire Karl Atride - Part III

La cours-martial s’était installée dans le mess des officiers. On avait installé une tribune a laquelle siègerait le jury pendant que l’accusé serait maintenu attaché sur un banc . Des chaises avaient été disposées dans le fond de la pièce pour permettre à quelques invités de haut rang d’assister au procès. Ces chaises étaient à moitié occupées par des notables de l’Adeptus Mechnicus et pour l’autre moitié par tous les officiers du 133ème NLGB qui avaient pu se libérer de leur poste.

Le jury était composé de trois personnes : l’officier de la flotte Deschamps qui se trouvait par hasard au sol quand la cours martial fut assemblé, le commissaire senior Scipio Landa du 133ème et le Magos Arkenschell de l’Adeptus Mechanicus. L’accusation allait être représentée par le technoprêtre Guirenaks de l’Adeptus Mechanicus tandis que le commissaire junior Vassili Grass défendrait le Capitaine Karl Atride.

Un brouhaha emplit la pièce jusqu’à l’arrivée du jury. Guirenaks et Grass s’observait avec une animosité à peine masquée. Le jury finit par s’installer et l’on fit entrer l’accusé.

Prunacs était prêt, le commissaire lui avait expressément demandé de prendre des notes sur tout ce qui allait se passer durant l’audience. Il tourna la tête et observa le capitaine prendre la direction du banc des accusés. Pendant un instant Prunacs faillit ne pas le reconnaître. Atride s’était rasé une bonne partie de sa barbe ne laissant qu’un bouc bien taillé tandis que ses longs cheveux avaient été lissé et attaché derrière sa nuque.. Le capitaine portait un simple treillis noir sans insigne ni grade, tenue typique que l’on faisait porter à quelqu’un avant de l’exécuter et pourtant le regard du Capitaine n’était pas celui d’un condamné mais d’un guerrier affrontant une nouvelle bataille.

Le calme se fit dans la salle et l’officier Deschamps prit la parole :

- Nous sommes ici pour statuer des accusations portées à l’encontre du Capitaine Karl Atride. Pour mémoire voici la liste des accusations : Meurtre du technoprêtre Amerlas, meurtre du technoprêtre Scrubolt, destruction de matériel appartenant à l’Adeptus Mechanicus d’une valeur de plus de cent mille crédits, tech-hérésie par modification non conventionnelle d’un générateur et finalement tentative de sabotage. Est-ce exact Adepte Guirenaks ?

- Affirmation : Cette liste est parfaitement exhaustive, répondit l’adepte de l’Omnimessie de sa voix synthétique.

- Quelle peine est requise ?

- Affirmation : L’Adeptus Mechanicus est magnanime. Cette liste de crime devrait être punit d’une quadruple peine de mort, nous en requerront une seule ainsi que l’indemnisation de nos pertes matériels.

- Commissaire Grass, que plaidez-vous ?

- Et bien nous souhaiterions une révision de la liste des accusations Madame. Il s’avère qu’après enquête certains faits ne sont pas aussi clairs qu’ils ne semblent apparaître.

- Exclamation : il n’y a aucun doute sur les faits. Les accusations ne changeront pas.

- J’ai bien pris note de votre point de vue Commissaire. Nous allons commencer par répondre à la liste des accusations actuelles et nous verrons si révision il doit y avoir. Cela vous convient il ?

- Affirmation : Oui.

- Oui Madame et dans ce cas je plaide non coupable.

- Très bien, maintenant je vais laisser la parole à l’accusation.

Le technoprêtre se leva et transmis un signale binaire à deux serviteur qui poussèrent un imposant projecteur holographique devant le jury. Guirenaks s’approcha du projecteur et le régla avec l’aide de ses mechadendrites. Puis il s’adressa à l’assemblée :

- Déclaration : Hier soir à 23h heure locale, les technoprêtres Amerlas et Scrubolt ont effectués une tournée d’inspection de routine des installations. A leur arrivé au générateur 4, ils ont constaté une intrusion et l’ont immédiatement signalé.

Guirenaks appuya sur une touche et un signal étrange jaillit du projecteur.

- Précision : En langage charnelle cela peut être traduit par « Incident type 34 Générateur 4 Investigation en cours »

- Comment pouvons nous en être sur ? demanda le Commandant Deschamps.

Guirenaks se tourna vers le magos Arkenschell qui prit la parole :

- Affirmation : Nous confirmons la teneur de ce message. Fin de transmission.

- Merci Magos, à l’avenir pouvez juste nous dire s’il y a un problème de traduction.

- Affirmation : Oui. Fin de transmission.

Guirenaks reprit la parole.

- Déclaration : Les deux technoprêtres ont donc pénétré dans l’enceinte du générateur où ils ont trouvé le Capitaine Karl Atride et quatre de ses hommes les mains dans les circuits consacrés du générateur. Pour une meilleure visualisation voici l’enregistrement pris par les optiques des technoprêtres et des serviteurs présents.

D’une habile pression avec une méchadendrite, Guirenaks alluma le projecteur. Une image ambrée se matérialisa dans les airs. On y voyait cinq hommes devant l’ouverture béante de la trappe de maintenance du générateur. Une grande silhouette bedonnante se redressa et regarda vers les technoprêtres. Il fronça les sourcils et tapota sur l’épaule d’un autre homme avant de cracher sa chique sur le sol. L’autre homme se releva et s’avéra être Karl Atride. Il s’approcha des technoprêtres les mains éloigné du corps. Les fidèles de l’Omnimessie se mirent à crier :

- Interrogation : Que faites-vous ici ? Cette zone est réservée au personnel de l’Adeptus Mechanicus. Vous n’avez pas le droit d’être ici.

- Du calme mon vieux, on a presque fini. On s’en va, répondit calmement Atride.

- Ordre : Sortez vos mains de cette sainte construction.

- Très bien, les gars on se bouge tranquillement vers la sortie, pas de mouvement brusque personne ne veut de grabuge.

Atride et ses hommes s’éloignèrent alors calmement de la trappe de maintenance quand l’un d’eux se pencha pour ramasser un imposant coffre métallique qui était posé sur le sol.

- Ordre : Arrêtez-vous. Interrogation : Qu’y a-t-il dans cette boite.

- Rien qui vous importe, répondit Atride en faisant signe à ses hommes d’aller vers la sortie.

- Ordre : Ne bougez plus et ouvrez cette boite.

- Il ne vaut mieux pas l’ouvrir, pour notre sécurité à tous.

- Exclamation : Technoprêtre Scrubolt, mes auspex détectent une forme de vie à l’intérieur de ce contenant, intervint Amerlas en binaire.

- Interrogation : De quel genre.

- Exclamation : Xenos, très certainement tyranide.

- Je vais tout vous expliquer, essaya d’intervenir Atride qui comprenait bien que la situation était en train de tourner au vinaigre.

- Exclamation : Trahison. Hérésie. Ordre d’attaque 56-Delta

Les serviteurs et les technoprêtres entrèrent en mode de combat. L’image se mit à bouger dans tous les sens alors que le son devint un indescriptible brouhaha. Quelques instants plus tard l’image se stabilisa, le point de vue avait changé. Il était au niveau de sol incliné à quatre vingt dix degrés comme si le porteur des optiques était allongé sur le flanc. Les images montraient le Capitaine se jeter sur le second technoprêtre un couteau à la main. Il évita d’un mouvement souple les méchadendrites, passa sous la garde du prêtre et lui enfonça la lame d’acier sous l’aisselle dans une des rares zones de chair exposée. Le prêtre fit un pas en arrière un peu déstabilisé. Atride en profita pour se saisir du réseau de câble qui reliait le respirateur du prêtre a son système de circulation. Il tira d’un coup sec, arrachant les câbles et le respirateur. Le prêtre s’effondra au sol et mourut asphyxié dans l’indifférence.

Guirenaks choisit d’arrêter la vidéo sur cette image.

- Déclaration : Je pense que cet enregistrement prouve tout ce qu’il y a à prouver. Dons notre magnanimité, nous n’avons requit aucune charge contre les hommes d’Atride qui était visiblement ici pour obéir aux ordres et qui ont uniquement endommagé du matériel. Après étude des corps des deux technoprêtres, que vous trouverez dans ce dossier, il est évident que les meurtres ont été commis par le Capitaine Atride. Cette vidéo montre aussi que le Capitaine a cherché à introduire des organismes Xenos dans une révéré machine. Étant donné la culpabilité évidente de cette personne nous ne souhaitons rien ajouter et laissons la parole au Commissaire.

-

- Commissaire, avez-vous une objection au sujet de cette vidéo ? demanda le Commandant Deschamps.

- Aucune Madame, je confirme la totale véracité de tous ce que l’on peut observer sur cette vidéo.

- Alors nous pouvons délibérer pour rendre un jugement ?

- Non madame.

- Vous venez pourtant de dire que cette vidéo était bien authentique ?

- Oui madame, la vidéo est exact, ce sont les conclusions que l’Adeptus Mechanicus en tire qui sont fausses et c’est ce que je vais tacher de vous prouver maintenant.

jeudi 25 mars 2010

L'affaire Karl Atride - Part II

La petite pièce sentait le renfermé et la nourriture périmée. On l’avait vidé des caisses de ravitaillement qu’elle contenait pour pouvoir accueillir le prisonnier. On avait posé à la hâte un lit de camp et un seau avant d’y amener le capitaine Atride. Celui-ci se laissait faire, encore sous l’effet du tranquillisant qu’on lui avait administré. Deux hommes le posèrent sur le lit de camp avant de quitter la pièce.

Atride resta un petit moment assis sur le lit à regarder dans le vide, un peu de bave coulant de sa bouche à travers sa barbe en broussaille. Il était torse nu et on avait enlevé les lacets de ces bottes. Une caméra avait été posée en hâte dans la pièce pour garder un œil permanent sur le prisonnier. Depuis son bureau, le colonel regardait l’écran et soupira en voyant l’état du capitaine. Cette fois-ci il ne pouvait rien faire pour arrondir les angles. Il avait un rapport de l’Adeptus Mechanicus devant lui et les faits étaient accablants.

Cette fois-ci Atride avait non-seulement commis un crime de Tech-Hérésie mais il avait aussi tué deux technoprètres. Applewood n’était pas du genre à céder aux pressions des prêtres de Mars mais la situation était beaucoup trop grave pour être ignorée une fois de plus. Atride était connu depuis longtemps par le Munitorum et l’Adeptus Mechanicus pour avoir la fâcheuse tendance d’apporter des modifications totalement illégal à son matériel et celui de ses hommes.

Le colonel relu encore une fois le dossier du capitaine et soupira devant le gâchis qui se préparait. Son régiment ne pouvait pas se passer d’Atride, il était le représentant du bataillon RSL et le plus haut gradé des survivants du 8ème de Necromunda. C’était un véritable leader, aimé de ses hommes, icône vivante de l’esprit de Necromunda ainsi qu’un fervent partisan de la fusion qui avait donné naissance au 133ème NLGB. Malheureusement, l’Adeptus Mechanicus était tout aussi indispensable au régiment pour toute la gestion de l’entretien et des réparations des blindés du régiment. Applewood ne pouvait pas prendre de partie. C’est pourquoi il avait fait le pari de nommer Grass à la défense d’Atride. Il comptait sur l’esprit vif du jeune commissaire pour obtenir un miracle.

Applewood reporta son attention sur Atride. L’officier, même sous tranquillisant, donnait une impression de force et de violence. Ses longs cheveux noirs, encore une entorse au règlement, le retombaient devant le visage. Le Colonel avait l’impression d’avoir mis un lion à la crinière noire en cage. Applewood ausculta les différents tatouages et cicatrices présents sur le corps de l’homme. Les cicatrices racontaient l’histoire d’une vie de violence et de combats tandis qu’on lui avait expliqué que les tatouages étaient des souvenirs des années d’Atride en tant que chef de gang sur Necromunda.

Le capitaine était un Van Saar, un des gangs majeurs de la cité ruche principale. En tant que tel, en plus d’être un guerrier aguerris, il avait de grandes connaissances techniques parfois supérieures à celles de certains technoprètres, comme une bonne partie du 8ème Necromunda qui historiquement était composé majoritairement de ganger issu de la famille Van Saar. Bien entendu cela déplaisait à l’Adeptus Mechanicus et à travers toute son histoire le 8ème avait eu des troubles avec le clergé martien.

L’intercom de son bureau sonna, Applewood actionna la rune de réception et écouta :

- Colonel, le commissaire Grass vient d’arriver au quartier général. Il demande à rencontrer le prisonnier pour préparer le procès.

- Merci Sergent, il peut aller rencontrer l’accusé. Dites lui que Mars fait pression et que l’audience commencera dans trente minutes.

- A vos ordres colonel !

Applewood soupira longuement avant d’allumer un cigalho. Il tira quelques bouffées avant d’être pris d’une violente quinte de toux qui le laissèrent hors d’haleine. Il n’écrasa pas pour autant le petit cylindre de mort et reprit l’étude du dossier.

Grass pénétra dans la petite pièce où était retenu le capitaine en compagnie d’un officier médical et de Prunacs son ordonnance. Le docteur injecta un léger stimulant au capitaine, vérifia son pouls et sa tension puis quitta la pièce. Prunacs posa la chaise qu’il avait prise avec lui devant le capitaine puis alla se mettre debout dans un coin de la pièce. Grass alla s’assoir devant le capitaine en ouvrant le dossier de l’affaire. Atride reprenait petit à petit ses esprits.

- Bien capitaine, commença Grass, on dirait que vous avez encore des ennuis.

- Humpf, grommela Atride dans sa barbe.

- Vous dites capitaine ?

- Faites votre boulot et qu’on en finisse, je le mérite ce putain de bolt dans ma nuque.

- Vous faites fausse route capitaine, vous allez passer en court martial et je suis là pour vous défendre pas pour exécuter.

- En court martial ? Bande de crétins, vous allez faire perdre du temps à tout le monde.

- Je pense que le colonel a un autre avis sur la situation.

- Le vieux ? En quoi ça le concerne, c’est moi qui ai descendu les deux têtes d’engrenages.

- Justement, je pense que tous le monde serait enchanté de savoir pourquoi vous avez abattus deux serviteurs de l’Imperium sur leur lieu de travail après avoir été surpris les mains dans les circuits consacrés d’un générateur de champ de force modèle Cérès Mark IV, si ce que je lis dans le rapport est exact.

- Ouais, c’est vrai. Je les ai tués, point final. Je suis coupable.

- Capitaine, cette attitude ne va nous servir à rien. Je suis là pour vous aider et j’ai besoin de votre confiance. On va reprendre depuis le début.

Grass marqua une pause et se tourna vers Prunacs. Il lui fit signe de quitter la pièce. Prunacs hésita un instant avant d’obéir. Il vit le commissaire se lever et débrancher la caméra. Prunacs sortit de la pièce passa entre les deux gardes chiourmes et ferma la porte derrière lui avant d’aller attendre que le commissaire fasse à nouveau appelle à lui.

Prunacs regarda sa montre et nota qu’il ne restait plus beaucoup de temps avant le début du procès. Il n’avait jamais eut l’occasion de voir le commandant de son bataillon d’aussi près et il avait été impressionné par celui-ci. Prunacs commençait à bien connaître les natifs de Necromunda qui formaient la colonne vertébrale de son bataillon. Il les avait au début considéré comme des brutes venant des zones à peine civilisé des ruches de l’Imperium, comme on pouvait en voir tant dans les fictions qui été diffusées sur Bittorea.

Finalement, les Van Saar étaient des hommes et des femmes tout à fait fréquentables, avec leur culture et leur code d’honneur. Les natifs de Necromunda avaient accueillis les nouvelles recrues de Bittorea avec beaucoup de diplomatie et de patience et après quelques temps les deux cultures finirent par se mélanger et s’harmoniser. Prunacs savait que ceci était dû à la volonté du Capitaine Atride et du Colonel Applewood.

Atride se comportait avec son bataillon comme un chef de gang et pas comme un officier de la garde impériale. C’était une figure paternelle, dure mais juste et qui n’hésitait jamais à accomplir les mêmes taches que ses hommes.

Prunacs avait beau se dire que le Capitaine avait commis une hérésie, il souhaitait que le Commissaire Grass trouve un moyen de le sauver.

Après une dizaine de minute la porte s’ouvrit sur le Commissaire qui semblait toujours aussi inquiet.

- Prunacs veuillez donner au capitaine un nécessaire de toilette qu’il puisse ressembler un peu plus à un être humain et moins à un ours. Quand à vous Capitaine, on se revoit au procès.

Grass sortit de la pièce après que Prunacs y fut entré. Ce dernier déposa le nécessaire de toilette et sortit de la pièce après avoir reprit la chaise. Avant de sortir de la pièce, il nota que la caméra était à nouveau en marche.

Atride regarda la porte se fermer et son visage esquissa un sourire. Il ouvrit sa main gauche et regarda la lame de scalpel qu’il y avait caché durant tout l’entretien. Son plan d’origine était de trancher la gorge du commissaire, de prendre le soldat en otage et d’essayer de s’enfuir. C’est pour cela qu’il avait toujours une lame de scalpel caché dans les replis de tissus cicatriciels d’une fausse cicatrice faite à base de synth-peau. Mais le discours de Grass l’avait convaincu, il allait faire confiance au jeune commissaire. Il pourrait toujours essayer de s’enfuir plus tard.

mercredi 24 mars 2010

L'affaire Karl Atride - Part I

Le conscrit de seconde classe Prunacs courrait le long des lignes de fortification vers le petit bunker légèrement à l’extérieur du camp. Il passa à côté des hommes de la première compagnie du premier bataillon d’infanterie du 133ème régiment de Bittorea.

Les hommes de la compagnie, connus sous le petit surnom de « Red Devil », étaient facilement identifiables au bandana rouge qu’ils portaient tous. La majorité de la compagnie était constituée de féroces vétérans du 55ème Catachan complété par des jeunes conscrits récemment recrutés parmi les réfugiés de Bittorea.

Mathias Prunacs était aussi l’un de ces réfugiés. Il avait atteint l’âge de conscription il y a deux mois et c’est fraichement sorti de ses classes qu’il allait affronter pour la première fois les ennemis de l’Imperium de l’humanité. Par chance, il avait été affecté au bataillon de reconnaissance, de support et de logistique du régiment. Ce qui devrait normalement lui éviter le gros des combats. Il eut une pensée pour ses deux amis de conscription qui avait été envoyé pour l’un dans une compagnie de première ligne du premier bataillon et pour l’autre dans une des compagnie motorisée du bataillon de cavalerie blindé, deux affectations particulièrement dangereuses.

Pendant un moment, il fut un peu jaloux du treillis traité à la caméléonine et les bandanas de ses anciens camarades. Mais quand il apprit que seulement 30% des conscrits survivaient à leur première bataille dans ces compagnies, il fut bien content de finalement avoir été affecté comme estafette à l’état major du bataillon RSL. Il portait un simple treillis noir et avait comme arme un pistolet laser ; pas de quoi gagner une guerre mais suffisamment pour assurer un minimum sa défense.

Il arriva finalement devant le bunker, il prit un instant pour reprendre son souffle et lisser son uniforme avant de faire sonner le Vox situé sur le coté de la porte blindé. Une voix endormi lui répondit :

- Qu’y a-t-il soldat ?

- Je viens porter un message du Capitaine Shan pour le Commissaire Grass. C’est de première priorité. C’est au sujet du Capitaine Atride.

- D’accord, rentrez à l’intérieur soldat.

Les lourds mécanismes d’ouverture se mirent en branle et dans un grincement l’imposante porte du bunker s’ouvrit sur la pièce unique et faiblement éclairée par des lumiglobes. A l’intérieur du bunker était installé les quartiers du commissariat du régiment. Les quatre hommes en gabardine noir étaient responsables de la discipline et du respect de la volonté de l’Empereur des 3500 hommes composant le régiment. Une odeur de caff et de tabac flottait dans la pièce et des cartes tactiques ainsi que des plaques de données étaient éparpillées sur la table en métal au centre de la pièce.

A cette heure de la journée, seul le commissaire Grass était présent. Drake et Meldan étaient en train de faire le tour des troupes de première ligne, tandis que Scipio était à l’état major du régiment avec le Colonel. Grass était en train d’ajuster son képi quand le conscrit entra dans la pièce. Mathias se mit au garde à vous et salua l’officier politique. Grass lui rendit son salut et alla s’assoir à la table.

- Repos soldat Prunacs, donnez moi donc ce message.

- Bien commissaire, répondit le soldat nerveux en tendant la plaque de donnée.

Grass commença à lire le message d’un air pensif. Mathias observa le commissaire tout en attendant un ordre potentiel. Grass n’était pas très vieux et il était affecté lui aussi au bataillon RSL. C’est un homme grand et sec au visage amical avec de courts cheveux blonds et des yeux verts toujours en mouvement.

Mathias avait entendu l’histoire du commissaire pendant ses classes. Lors de la bataille finale sur Bittorea, celle qui changea leur destin à tous, il fut gravement blessé par une attaque psychique d’un suppôt du grand Ennemi. Son corps répara les blessures physique mais le choc psychique avait paraît il affecté son cerveau. Certains disaient même que le commissaire avait été touché par le Warp. Toujours est il que depuis le commissaire n’était plus capable de se servir d’une arme à longue portée et que ses yeux verts semblaient toujours chercher des choses tapis dans les ombres. Mathias sortit de ses pensées et remarqua que le regard de jade du commissaire était posé sur lui. Pendant un instant Mathias se sentit très mal à l’aise puis le regard le quitta et retourna sur la plaque de donnée.

Grass n’aimait pas du tout ce qu’il était en train de lire. Le capitaine Atride avait visiblement fini par passer les limites qui lui avaient été déjà moult fois rappelées. Maintenant il était assigné à comparaitre devant une court martiale et il risquait de se faire exécuter. En tant que commissaire du bataillon d’Atride, Grass avait été désigné volontaire pour assurer la défense du capitaine. Grass prit quelques minutes pour lire le dossier au complet. Il n’avait pas beaucoup plus de temps à accorder à l’étude le procès commençait dans un peu moins d’une heure. Grass finit par se lever, il enfila sa gabardine et noua l’écharpe rouge de sa fonction autour de sa taille. Il glissa ensuite sa hache énergétique dans le rangement situé dans son dos et pris le lance flamme qui lui servait désormais d’arme de tir depuis qu’il était incapable d’aligner une cible à plus de dix mètre.

Il observa un instant le conscrit. Il se faisait un devoir de connaître le nom de tous les hommes servant dans le bataillon dont il avait la responsabilité et si possible de connaître un ou deux détails sur qui ils étaient. Il se repassa rapidement en mémoire ce qu’il savait sur Prunacs : 18 ans tout juste, orphelin de guerre depuis Bittorea, aptitude et dossier commun, dossier médical indiquant une légère tendance au stress et à l’inquiétude. Grass regarda sa montre et décida qu’il pouvait prendre quelques minutes pour s’assurer du moral de Prunacs. Avec un léger sourire Grass essaya donc de faire se détendre un peu le jeune soldat :

- Merci Prunacs. Servez vous donc une tasse de caff, il fait froid dehors et les jours qui viennent ne vont pas être de tout repos.

- Merci Commissaire, répondit le jeune homme en allant se servir une tasse de liquide chaud.

- Dites moi Prunacs, vous avez déjà rencontré le Colonel ?

- Pas en personne Commissaire. Je l’ai vu pendant des revues et des briefings.

- Vous aimeriez le rencontrer ?

- Oh oui Commissaire, le Général… je veux dire le Colonel est un modèle pour nous.

- Vous avez raison, c’est grâce à lui que nous sommes en vie. C’est un homme de Bittorea tout comme vous Soldat, et c’est grâce à l’esprit Bittorean que nous sommes unis. Ne l’oubliez pas Soldat, vous êtes le ciment qui va lier les briques extraient des ruines d’anciens régiments. Et c’est avec tous ses matériaux que nous allons construire le régiment Impérial le plus efficace du secteur et pour ça on a besoin de vous.

Grass apprécia la bouffée d’orgueil et de confiance que son petit discours venait de donner au jeune homme.

- Prunacs, je vais avoir besoin d’une ordonnance pour le procès. Cela vous intéresse ? Ce n’est pas très intéressant mais nécessaire et avec un peu de chance le Colonel sera là.

- Ce serait un honneur Commissaire.

- Bien allons y alors, le colonel Applewood n’aime pas les gens en retard.