Le conscrit de seconde classe Prunacs courrait le long des lignes de fortification vers le petit bunker légèrement à l’extérieur du camp. Il passa à côté des hommes de la première compagnie du premier bataillon d’infanterie du 133ème régiment de Bittorea.
Les hommes de la compagnie, connus sous le petit surnom de « Red Devil », étaient facilement identifiables au bandana rouge qu’ils portaient tous. La majorité de la compagnie était constituée de féroces vétérans du 55ème Catachan complété par des jeunes conscrits récemment recrutés parmi les réfugiés de Bittorea.
Mathias Prunacs était aussi l’un de ces réfugiés. Il avait atteint l’âge de conscription il y a deux mois et c’est fraichement sorti de ses classes qu’il allait affronter pour la première fois les ennemis de l’Imperium de l’humanité. Par chance, il avait été affecté au bataillon de reconnaissance, de support et de logistique du régiment. Ce qui devrait normalement lui éviter le gros des combats. Il eut une pensée pour ses deux amis de conscription qui avait été envoyé pour l’un dans une compagnie de première ligne du premier bataillon et pour l’autre dans une des compagnie motorisée du bataillon de cavalerie blindé, deux affectations particulièrement dangereuses.
Pendant un moment, il fut un peu jaloux du treillis traité à la caméléonine et les bandanas de ses anciens camarades. Mais quand il apprit que seulement 30% des conscrits survivaient à leur première bataille dans ces compagnies, il fut bien content de finalement avoir été affecté comme estafette à l’état major du bataillon RSL. Il portait un simple treillis noir et avait comme arme un pistolet laser ; pas de quoi gagner une guerre mais suffisamment pour assurer un minimum sa défense.
Il arriva finalement devant le bunker, il prit un instant pour reprendre son souffle et lisser son uniforme avant de faire sonner le Vox situé sur le coté de la porte blindé. Une voix endormi lui répondit :
- Qu’y a-t-il soldat ?
- Je viens porter un message du Capitaine Shan pour le Commissaire Grass. C’est de première priorité. C’est au sujet du Capitaine Atride.
- D’accord, rentrez à l’intérieur soldat.
Les lourds mécanismes d’ouverture se mirent en branle et dans un grincement l’imposante porte du bunker s’ouvrit sur la pièce unique et faiblement éclairée par des lumiglobes. A l’intérieur du bunker était installé les quartiers du commissariat du régiment. Les quatre hommes en gabardine noir étaient responsables de la discipline et du respect de la volonté de l’Empereur des 3500 hommes composant le régiment. Une odeur de caff et de tabac flottait dans la pièce et des cartes tactiques ainsi que des plaques de données étaient éparpillées sur la table en métal au centre de la pièce.
A cette heure de la journée, seul le commissaire Grass était présent. Drake et Meldan étaient en train de faire le tour des troupes de première ligne, tandis que Scipio était à l’état major du régiment avec le Colonel. Grass était en train d’ajuster son képi quand le conscrit entra dans la pièce. Mathias se mit au garde à vous et salua l’officier politique. Grass lui rendit son salut et alla s’assoir à la table.
- Repos soldat Prunacs, donnez moi donc ce message.
- Bien commissaire, répondit le soldat nerveux en tendant la plaque de donnée.
Grass commença à lire le message d’un air pensif. Mathias observa le commissaire tout en attendant un ordre potentiel. Grass n’était pas très vieux et il était affecté lui aussi au bataillon RSL. C’est un homme grand et sec au visage amical avec de courts cheveux blonds et des yeux verts toujours en mouvement.
Mathias avait entendu l’histoire du commissaire pendant ses classes. Lors de la bataille finale sur Bittorea, celle qui changea leur destin à tous, il fut gravement blessé par une attaque psychique d’un suppôt du grand Ennemi. Son corps répara les blessures physique mais le choc psychique avait paraît il affecté son cerveau. Certains disaient même que le commissaire avait été touché par le Warp. Toujours est il que depuis le commissaire n’était plus capable de se servir d’une arme à longue portée et que ses yeux verts semblaient toujours chercher des choses tapis dans les ombres. Mathias sortit de ses pensées et remarqua que le regard de jade du commissaire était posé sur lui. Pendant un instant Mathias se sentit très mal à l’aise puis le regard le quitta et retourna sur la plaque de donnée.
Grass n’aimait pas du tout ce qu’il était en train de lire. Le capitaine Atride avait visiblement fini par passer les limites qui lui avaient été déjà moult fois rappelées. Maintenant il était assigné à comparaitre devant une court martiale et il risquait de se faire exécuter. En tant que commissaire du bataillon d’Atride, Grass avait été désigné volontaire pour assurer la défense du capitaine. Grass prit quelques minutes pour lire le dossier au complet. Il n’avait pas beaucoup plus de temps à accorder à l’étude le procès commençait dans un peu moins d’une heure. Grass finit par se lever, il enfila sa gabardine et noua l’écharpe rouge de sa fonction autour de sa taille. Il glissa ensuite sa hache énergétique dans le rangement situé dans son dos et pris le lance flamme qui lui servait désormais d’arme de tir depuis qu’il était incapable d’aligner une cible à plus de dix mètre.
Il observa un instant le conscrit. Il se faisait un devoir de connaître le nom de tous les hommes servant dans le bataillon dont il avait la responsabilité et si possible de connaître un ou deux détails sur qui ils étaient. Il se repassa rapidement en mémoire ce qu’il savait sur Prunacs : 18 ans tout juste, orphelin de guerre depuis Bittorea, aptitude et dossier commun, dossier médical indiquant une légère tendance au stress et à l’inquiétude. Grass regarda sa montre et décida qu’il pouvait prendre quelques minutes pour s’assurer du moral de Prunacs. Avec un léger sourire Grass essaya donc de faire se détendre un peu le jeune soldat :
- Merci Prunacs. Servez vous donc une tasse de caff, il fait froid dehors et les jours qui viennent ne vont pas être de tout repos.
- Merci Commissaire, répondit le jeune homme en allant se servir une tasse de liquide chaud.
- Dites moi Prunacs, vous avez déjà rencontré le Colonel ?
- Pas en personne Commissaire. Je l’ai vu pendant des revues et des briefings.
- Vous aimeriez le rencontrer ?
- Oh oui Commissaire, le Général… je veux dire le Colonel est un modèle pour nous.
- Vous avez raison, c’est grâce à lui que nous sommes en vie. C’est un homme de Bittorea tout comme vous Soldat, et c’est grâce à l’esprit Bittorean que nous sommes unis. Ne l’oubliez pas Soldat, vous êtes le ciment qui va lier les briques extraient des ruines d’anciens régiments. Et c’est avec tous ses matériaux que nous allons construire le régiment Impérial le plus efficace du secteur et pour ça on a besoin de vous.
Grass apprécia la bouffée d’orgueil et de confiance que son petit discours venait de donner au jeune homme.
- Ce serait un honneur Commissaire.
- Bien allons y alors, le colonel Applewood n’aime pas les gens en retard.
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