Applewood se reposait dans son bureau en compulsant les derniers rapports tactiques de son régiment. Il se massa un peu les tempes et prit une bouffée de cigalho. Les deux prochains jours allaient marquer le tournant de la campagne et il y avait encore beaucoup à faire.
Il se repassa encore une fois le message reçu de la part du Mechanicus suite au procès. Ils allaient assurer les opérations de maintenance de base et se retirer en orbite pour éviter les conflits. Applewood ne pouvait leur reprocher de faire ça mais il aurait souhaité un soutien présent durant toute la dernière phase.
Le colonel regarda la carte stratégique qu’il avait déroulée devant lui. Les troupes de reconnaissance du bataillon RSL avait fait du bon travail et la seule issue pour sortir de cette vallée était de passer par le camp retranchée du 133ème. Trois autres régiments tenaient les autres issus après avoir pris soin de se retrancher. Les Tyranides avaient testé leur défense depuis bientôt deux mois. Et ils semblaient qu’ils avaient finalement compris que leur seule chance de s’en sortir était de passer par le 133ème et ses défenses soit disant moins solides.
Il y a trois mois quand les quatre régiments avaient débarqué pour l’opération « Ménage de Printemps », ils avaient tentés une attaque en force. Quatre régiments, quatre vecteurs d’attaque pour arriver jusqu’à la carcasse du vaisseau ruche et le détruire puis faire le ménage dans la vallée où les Tyranides s’étaient installés. Applewood s’étaient élevés contre cette opération. L’Imperium n’avait pas assez d’information sur les Tyranides surtout quand il s’agit de les attaquer. Mais le seigneur-général avait insisté, « Ménage de Printemps » serait la preuve qu’on pouvait reprendre une planète aux mains des Tyranides.
Le premier assaut fut un désastre, le cœur de la vallée était remplit de végétaux Xenos agressifs et toxiques. Les Tyranides étaient cachés dans les galeries et jaillissaient de partout avant de disparaitre. Applewood avait géré la retraite et le retranchement des régiments. Puis pendant un mois il avait mené une guerre d’usure dans les galeries pour forcer les Tyranides à sortir à la surface.
Deux mois auparavant les Tyranides lancèrent leur premier assaut massif sur les positions de
Applewood regarda sa montre et se leva, il avait convoqué tout l’état major du régiment dans le stratégium pour un dernier briefing avant le début de l’opération. Il sortit de son bureau avec un dernier regard sur son armure de campagne exposée dans un coin du bureau qu’il allait bientôt retrouver.
Le Colonel pénétra d’un pas confiant dans le strategium, il salua tour à tour tous ses officiers avant de s’installer devant le pupitre de commande de l’holocarte.qui affichait une représentation de la vallée tandis que son ordonnance posait une pile de tablette de données à côté du pupitre. Le capitaine Atride se trouvait parmi eux vêtu de son uniforme et des ses galons.. Applewood nota des marques de coups sur son visage ainsi que sur celui du Major Burns.
- Messieurs, commença Applewood, les Tyranides seront bientôt à notre porte dans l’espoir de l’ouvrir et de se déverser sur le reste de la planète. Les hommes des autres régiments ainsi que nos éclaireurs ont piégé et dégagé tous les points d’accès périphériques de la vallée. A l’aide de défoliants, ils ont supprimé toute forme de végétation sur un kilomètre sur toute la périphérie de la vallée. Ils ont aussi piégés les cols et les sommets ainsi que la plupart des galeries. Ils ont fait ça partie sauf à un endroit.
Applewood fit une pause et montra un bras de végétation laissé intact qui arrivait presque aux portes de leur ligne de défense.
- C’est le seul endroit où les Tyranides ont suffisamment de couvert pour s’approcher de nous. Partout ailleurs n’importe quel conscrit de la garde avec un lance-pierre aurait un magnifique champ de tir pour les arrêter. C’est la porte de sortie qu’on leur laisse entrouverte et nous allons devoir les retenir le temps de fermer la boite.
Applewood indiqua trois positions distinctes correspondant à trois bataillons d’artillerie composé principalement de Basilisk. Un seul d’entre eux était issu du 133ème, les deux autres avaient été assemblés à partir des pièces d’artillerie des autres régiments, et tous étaient sous les ordres du Capitaine Shan. Celle-ci prit la parole après un signe de tête du Colonel.
- Une fois les Tyranides sur nos lignes de défenses, nous commencerons un bombardement massif suivant trois vecteurs. Deux perpendiculaires à nos lignes et l’un parallèle.
Shan fit apparaître les trois lignes sur la carte.
- Nous allons former un U sur l’arrière des lignes ennemies pour leur couper toutes formes de retraites possibles. Une fois la boite mise en place les blindés du Colonel Rokwood se mettront en place sur le front pendant que l’infanterie se retirera. Le Colonel Rokwood ouvrira alors le feu pour établir une nouvelle parallèle fermant ainsi la boite. A ce stade, nous ferons converger les quatre lignes vers le centre et nous détruirons tous ce qu’il se trouve à l’intérieur.
Shan fit bouger les lignes pour démontrer son point avec un léger sourire.
- Merci Capitaine, intervint Applewood. Ceci est notre marteau tandis que notre infanterie sera l’enclume contre laquelle viendront s’écraser les Xenos. L’infanterie de Burns devra tenir le choc avec le soutien minimal de l’artillerie et des blindés Et quand l’ordre sera donné nous devrons nous replier avant que la zone devienne un enfer. Le timing va être très serré et nous n’aurons pas de seconde chance. Si nous lâchons trop tôt un certains nombre de Tyranides aura le temps de quitter la vallée. Si nous tenons trop nous perdrons des hommes durant le bombardement. Le signal de la retraite nous sera donné par la compagnie d’infanterie motorisée du Colonel Rokwood. Le Colonel Rokwwod étant à la tête des blindés, j’ai décidé exceptionnellement de mettre le Capitaine Atride à la tête de cette compagnie.
Applewood observait Atride à cet instant et lu de la surprise et de la désapprobation dans son regard acéré.
- Dès que le Capitaine Atride et ses hommes auront rejoint nos lignes se sera le signal pour la retraite et la fermeture de la boite. Vu la complexité de l’opération et que vous êtes tous déjà assignés à une tache complexe, j’ai décidé de superviser la retraire depuis la première ligne.
Un murmure de stupeur se fit entendre dans l’assemblée des officiers.
- Je sais ce que vous allez me dire au sujet de mon âge et de ma santé, mais ma décision est prise et c’est un ordre. Vous trouverez dans ces tablettes toutes les données nécessaires à votre déploiement et au déroulement des opérations. Que l’Empereur nous garde. Rompez !
Les officiers se dispersèrent après avoir prit leur tablette de données respectives. Quand Atride passa à côté du Colonel celui-ci lui glissa à l’oreille :
- Débriefing dans mon bureau dans vingt minutes.
Dix minutes plus tard, Applewood était de retour dans son bureau en compagnie du Commissaire Grass et de son assistant du jour Prunacs. Le jeune conscrit observait le bureau du Colonel en détail, de tous les côtés on pouvait voir des souvenirs d’opérations précédentes ou datant de la première carrière du colonel. Prunacs avait envie d’appeler cet endroit un musée.
Grass était en train de faire son débriefing du procès et présentait au Colonel les notes de Prunacs sur le déroulement de l’affaire. Prunacs était fier et anxieux de voir son travail présenté au Colonel. Finalement le Colonel leva son regard vers le conscrit droit comme un piquet et sourit :
- C’est du bon travail, soldat Prunacs. Approchez. Le commissaire Grass m’a dit que vous souhaitiez me rencontrer.
- Oui mon colonel, bafouilla le jeune homme.
- Et pourtant nous nous connaissons déjà, répondit le Colonel un large sourire éclairant son visage marqué par le temps, vous ne vous en souvenez pas ?
- Et bien mon colonel, je vous ai vu durant certains briefings, des discours ou des cérémonies.
- Sur Bittorea, où habitiez-vous ?
- Dans le faubourg de Gemaur, mes parents tenaient un petit café avant que la guerre n’arrive.
- J’habitais à Gemaur aussi, le saviez vous.
- Bien sur mon colonel, la demeure du seigneur général Marcus Caius Applewood était l’une des fiertés de Gemaur.
- N’avez-vous pas le souvenir d’un vieil homme barbu venant presque tous les jours prendre un café et une pâtisserie en lisant les dernières nouvelles.
- Oui mon Colonel c’était le vieux Marco, il connaissait bien mon grand père. Ils avaient servi ensemble dans le 34ème LGB avant de devenir colon ici.
Applewood resta silencieux et fixa le jeune homme avec un léger sourire avant de dire d’une voix plus marqué par l’accent chantant de Bittorea.
- Petit, je prendrais comme d’habitude et passe le bonjour à ta mère.
Les yeux de Prunacs s’agrandirent comme des soucoupes.
- J’étais à la retraite à l’époque, continua Applewood, et je venais souvent dans le café de vos parents en hommage à mon vieil ami le lieutenant Colombus, votre grand père. Vous devez le savoir mais la colonisation de Bittorea a été faite en grande partie par les régiments qui étaient sous mes ordres durant mes années de services. Et Gemaur a été fondée par le 34ème Little Garden Bréginiens dont j’étais l’officier supérieur dans mes jeunes années. Votre aïeul était un ami proche, et quand les faubourgs ont été détruits j’ai été attristé d’apprendre la mort de vos parents et la destruction de votre commerce.
Prunacs restait silencieux et repensait à ce vieil homme un peu excentrique qui lui donnait des bonbons à la menthe.
- Je suppose que suite à l’évacuation comme beaucoup vous avez tout perdu ?
- En effet mon Colonel, réussit à dire Prunacs.
- Bien, je ne sais pas si vous le savez, mais Flavius votre grand père était un héros maintes fois récompensés. Pour sa mémoire permettez-moi de vous donner ceci.
Applewood se leva et alla chercher un petit coffret sur une commode. Il l’ouvrit et en sortit une médaille. Il s’approcha de Prunacs et lui tendit la médaille.
- Ceci est la croix de Macharius que j’ai reçu lors de la croisade Albijand sur le monde de Vendris IV. Votre grand père à reçu cette même croix quelques semaine plus tard durant l’assaut de la forteresse du Grand Ennemie sur Narbonni. En mémoire des héros de notre histoire je vous confie cette médaille.
Prunacs prit délicatement la médaille entre ses mains et salua le colonel une boule d’émotion coincée dans la gorge.
Applewood sourit au jeune homme avant de lui donner congé. Le capitaine Atride venait de signaler son arrivé.